Schoolboy Q
Oxymoron
- Interscope Records / Top Dawg Entertainment
- 2014
- 59 minutes
Quelques semaines avant la sortie d’Oxymoron, une rumeur circulait à l’effet que certains rappeurs ayant eu la chance de l’écouter ont affirmé que ce disque était meilleur que le remarquable Good Kid, m.A.A.d. City de Kendrick Lamar. Après plusieurs écoutes, votre humble critique n’est pas de cet avis. Oxymoron est tout au plus un très bon disque.
À 27 ans, Schoolboy Q est présentement l’un des rappeurs américains les plus en vue. D’ailleurs, Oxymoron était l’une des parutions hip-hop les plus attendues de l’année. Provenant de Los Angeles, le rappeur que l’on peut facilement reconnaître par son «bucket hat» a maintenant trois disques à son actif et son deuxième, le très bon Habits & Contradictions, avait reçu un accueil favorable en 2012.
Cela dit, Oxymoron est plus commercial que son prédécesseur. Habits & Contradictions proposait une facture sonore moins léchée et des arrangements moins touffus qu’Oxymoron. Ce dernier invite l’auditeur à tendre l’oreille à une réalisation davantage soignée et à des arrangements plus costauds et flamboyants par moment. Malheureusement, en écoutant Oxymoron, l’amateur du gangsta de Los Angeles devra faire son deuil des arrangements épurés qu’il avait la chance d’écouter sur Habits & Contradictions (notamment sur Sacrilegious et Oxy Music).
Pour ce qui est des compositions, le nouveau disque de Schoolboy Q compte quelques bons et moins bons coups. Alors que certaines pièces comme Studio et His & Her Fiends proposent des mélodies fades et convenues, d’autres chansons sont dignes d’intérêt. À titre d’exemple, Gangsta et sa partition syncopée de piano et sa batterie pesante, Blind Threats et ses jolis arrangements, la lugubre Break The Bank et l’exceptionnellement entraînante Los Awesome, comptent parmi les meilleurs moments.
Que ce soit pour assurer la réalisation ou pour l’accompagner derrière le micro, Schoolboy Q a fait appel aux services de plusieurs collaborateurs. Parmi ceux-ci, on retrouve Kendrick Lamar sur la pièce Collard Greens. Comme à l’habitude, ce dernier livre un excellent flow coupé au couteau. Durant la chanson titrée The Purge, Tyler, The Creator est égal à lui-même et déballe un bon flow qui attire l’attention dès les premiers mots. Durant la même chanson, Kurupt (un rappeur de Philadelphie qui a signé avec Death Row durant les années 1990) livre un des meilleurs flows du disque. Le MC varie le rythme de sa livraison et son couplet est très bien ficelé. Raekwon, l’un des membres fondateurs du légendaire Wu-Tang Clan, balance un bon flow soutenu durant la chanson Blind Threats. Finalement, l’excellent beat de la pièce Los Awesome a été réalisé par Pharrell Williams.
Toutefois, c’est surtout quand vient le temps de porter attention aux paroles qu’Oxymoron perd de son lustre. Comme plusieurs rappeurs de nos jours, Schoolboy Q aborde des sujets tels que le sexe en prenant soin de construire une objectivisation de la femme. Cela dit, nous n’avons pas affaire à une critique de ladite objectivisation, mais à une banale reproduction de ce qui se fait depuis longtemps. Le MC de Los Angeles traite aussi de la drogue. Durant la pièce intitulée Prescription/Oxymoron, le rappeur parle notamment de sa dépendance aux médicaments et à différentes drogues. Dans la première partie de cette chanson de sept minutes, Schoolboy Q emprunte un ton qui s’approche de celui de la confession. Bonne idée.
De manière générale, la livraison de Schoolboy Q est de qualité. Le MC varie bien le rythme et la structure de son flow. Il a le don de bien rapper lentement et rapidement. Cette variété profère un dynamisme souhaitable à l’œuvre. Toutefois, plusieurs des compositions sont ponctuées par des cris agressants et superflus qui, à l’humble avis du rédacteur de cette critique, diminuent de beaucoup le niveau de plaisir que l’auditeur peut ressentir.
Sans être incontournable, Oxymoron mérite d’être écouté attentivement.