Critiques

SCH

JVLIVS III : Ad Finem

  • Maison Baron Rouge / Warner Bros. Records
  • 2024
  • 57 minutes
8
Le meilleur de lca

Aujourd’hui, c’est un jour férié pour moi : j’ai l’occasion de faire la critique du nouvel album de mon artiste préféré sur ce magnifique blogue musical… que demander de mieux? En effet, SCH (alias Julien Schwarzer), c’est un artiste français actif sur la scène mainstream depuis 2014 qui n’a cessé de grimper les échelons au fil des années, pour être maintenant considéré comme l’un des meilleurs rappeurs de sa génération. Et pour cause : des albums comme A7, Deo Favente et JVLIVS sont parmi les albums de rap français décisifs de la décennie 2010, et également parmi mes albums préférés.

Cette présente décennie, en revanche, a connu ses hauts et ses bas, valsant entre le bon, mais plutôt le générique JVLIVS II et le très inégal Autobahn. Pourtant, 2024 s’est avérée être une année charnière pour SCH. Son album JVLIVS Prequel : Giulio, précurseur de l’histoire du personnage principal de cette saga, a marqué un retour aux sources remarquable et diablement efficace. Tout était prêt pour la mise en place du tome 3, surnommé Ad Finem (« jusqu’à la fin » en latin), et dernier volet de cette série des JVLIVS, désormais iconique. Que nous a réservé SCH pour ce tome trois, apothéose de ce personnage?

En très court : JVLIVS III se veut grandiose, à l’image de la mort de son protagoniste. Saxophone, violon, piano, et surtout, guitare électrique, plusieurs instruments se mettent au diapason, telle une symphonie. De plus, SCH se laisse aller à plusieurs libertés au niveau de son interprétation et de ses placements sur des productions qui, de prime abord, ne sont pas évidentes à dompter. Pourtant, à plusieurs moments, ce désir de grandeur touche sa cible. Les envolées musicales et vocales du morceau Miroirs m’a ramené en 2015, à l’époque de Rêves de gosse. Ainsi, à l’image de presque toute son œuvre, la voix de SCH demeure sa plus grande force. Rose noire, par exemple, nous livre à un vibrato torturé agréablement bien maîtrisé. Un des ovnis du projet, Quartiers nord, frappe par sa rythmique à la Kavinsky, nous donnant l’impression de rouler sous les néons de Miami. Ainsi, même si certains morceaux frappent moins que d’autres (je pense à D’hier à aujourd’hui avec une rythmique drill travaillée, mais ultimement moins marquante que le reste), les hauts sont TRÈS hauts, et montrent la versatilité et l’ambition artistique de son interprète.

La force de ce projet, c’est à quel point SCH rassemble toutes les influences de sa vie, réunies en apothéose ici de manière sentie, honnête, et réfléchie. On y retrouve plusieurs hommages à la variété française, dont l’incroyable Deux mille, qui semble tout droit sorti des music halls de l’époque d’Aznavour et de Piaf. L’interlude dénommé Jour d’octobre, quant à elle, nous gratifie d’une introduction inspirée de Joe Dassin, sur des morceaux comme L’été Indien et Le Jardin du Luxembourg. Par ailleurs, à l’image de l’ambiance très « italienne », Schwarzer ramène pour une quatrième collaboration son comparse italien Sfera Ebbasta sur Soldi Famiglia, banger assumé, hargneux, et une de mes préférées de l’album. À noter également l’apparition très anticipée de Damso sur le titre 02 :00, qui satisfait grâce à son refrain, malgré un Damso passable, mais légèrement en deçà.

La mise en pression s’exerce également dans des paroles imagées et évocatrices. « Un jour, il faudrait que j’dise : « Au revoir » à l’ennemi juré que j’vois dans mon miroir et qu’j’vise dans la tête, » nous confie-t-il sombrement sur Dans la tête, nous rappelant cette épée de Damoclès planant sur la tête de JVLIVS. La fin est inévitable, et pourtant, résigné, mais fier, il sera prêt à l’accueillir. Cette histoire se conclut ainsi grâce à la dernière piste du projet, Lumière blanche (Ad Finem), avec un solo de guitare délirant digne des plus grandes rock stars. Johnny a de quoi être fier.

JVLIVS III est un album extrêmement dense, parfois même trop, surtout à la première écoute. Pourtant, la beauté de ce projet résulte en ses réécoutes, car il en regorge plein de riches détails musicaux, faisant de JVLIVS III une œuvre complète. Au-delà de la fin d’une trilogie marquante du rap français, c’est le début d’horizons nouveaux que SCH saura exploiter à bon escient dans le futur. Giulio est mort, vive JVLIVS.

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