Critiques

San James

Bonne chance

  • Rosemarie Records
  • 2025
  • 31 minutes
7,5

Ne montre rien du tout
Aie du plaisir
Remonte un peu les joues
Poupée de cire
Même si en toi c’est la pagaille
-Poupée de cire

Ces lignes, entendues dès le début de l’album Bonne chance, donnent le ton. Si les talents de mélodiste et de vocaliste de Marilyse Senécal (alias San James) sont toujours au rendez-vous, l’artiste propose ici quelque chose d’assumé et de plus cinglant que ce qu’elle a livré sur Épilogue, son premier album sorti en février 2024. 

Tout d’abord, musicalement, nous sommes ailleurs. Rythmées et parfois dansantes, les pièces sont soutenues par une orchestration mélangeant des instruments classiques à des effets électroniques variés et recherchés. Bien que ce soit différent à plusieurs égards, cette proposition pourrait plaire à ceux et celles qui ont dévoré Dogue d’Ariane Roy

Le choix d’Alex Métivier comme coréalisateur s’est avéré très fructueux. Ce dernier, ainsi que les musiciens Simon LachanceMélanie Venditti, Valérie Lachance-Guillemette et Johan Modrin ont réussi à construire un univers sonore riche, formé de nombreuses couches qu’on continue à découvrir après plusieurs écoutes. La chanson-titre constitue un excellent exemple de cette dernière caractéristique. Dès le début, on constate qu’elle a une dégaine pop digne du hit-parade! Toutefois, des écoutes plus attentives nous permettent de constater qu’elle a également de quoi satisfaire les mélomanes, notamment les cordes frottées qui viennent ajouter une dose d’intensité dans la seconde moitié. 

Dans cet album, San James aborde des thèmes sérieux et personnels, comme l’émancipation, le rejet des standards et l’affirmation de soi. Elle ne le fait pas avec un langage cru, mais avec la finesse et la poésie qu’on lui connait. En mon sens, le résultat n’en est que plus percutant. 

Jour après jour
Tu fais crier mon répondeur
Tu lances autour de toi des fleurs
Avant d’y semer la peur
Tu n’es pas le roi que tu penses
-Si la couronne te fait

Ce dernier extrait est suivi d’un passage distordu, presque dérangeant, qu’on peut assimiler à un cri de rage. Visiblement, elle utilise tous les moyens à sa disposition pour communiquer ce qu’elle a sur le cœur.

Plus lentes et envoûtantes, les trois dernières chansons se rapprochent de ce qu’on a entendu sur le premier album de l’autrice-compositrice-interprète. Les textes demeurent poignants, ce qui crée un effet doux-amer. Par exemple, Bye bye parle de tourner le dos à son passé après y avoir mis le feu, une image qui évoque un personnage de film d’action restant de glace en s’éloignant d’une explosion. 

« No bullshit ». Ces deux mots ont été utilisés par l’artiste pour désigner l’état d’esprit dans lequel elle se trouvait durant son processus créatif, qu’elle a vécu alors qu’elle était enceinte de son premier enfant. Si une première grossesse est un événement circonscrit dans le temps, je peux vous assurer que l’œuvre qui en découle, elle, ne l’est pas. Elle sera pertinente encore très longtemps. 

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