Sam Roberts Band
Lo-Fantasy
- Universal Music Group
- 2014
- 49 minutes
Lo-Fantasy est le cinquième album du gentil rockeur montréalais Sam Roberts et de sa bande. Enregistrée dans la métropole et en Espagne, la réalisation a été confiée à la légende britannique Youth (Church Of Noise, Paul McCartney, Killing Joke).
L’objectif était d’amener le son du combo vers de nouveaux univers. Mission accomplie.
Ceux qui ont aimé le virage entrepris par le précédent Collider, retrouveront Sam avec grand bonheur. L’instrumentation touche-à-tout, l’ajout de couches synthétiques à l’éthique jusque là résolument rock, en plus d’un nouveau sens du groove qui évoque des musiques-de-là-où-il-fait-chaud, sont désormais à l’avant-plan. Ceux qui chercheront un morceau rock/carré – du type The Gate ou Hard Road – resteront sur leur faim.
Par contre, là où l’on retrouve à tout coup le musicien c’est pour son sens mélodique. Sam Roberts a ce don pour créer d’énormes refrains aussi fédérateurs que reconnaissables, c’est encore le cas ici. Dans cette catégorie, plusieurs connaissent déjà We’re All In This Together, qui joue lors de la toujours de circonstance Hockey Night In Canada. C’est d’ailleurs le titre le plus «rock canadien» de ce Lo-Fantasy. Loin d’être une mauvaise chanson, elle semble toutefois mal assortie au nouveau registre du groupe. Même chose avec Human Heat, seul moment rock de l’album (et mon titre favori): ces pièces auraient mieux cadré sur un autre opus de Roberts.
Alors qu’y a-t-il de changé? Effacer les guitares, sortir la basse, troquer les claviers vintage d’Eric Fares pour un appareillage moderne et poursuivre l’exploration dans l’ajout de textures (cuivres, cordes et loops). Le tour de force que représente cet important virage esthétique, c’est que le style de Roberts, en tant que chanteur, colle parfaitement à ce nouvel habillage sonore.
Les chansons Too Far, Hands Of Love, Golden Hour et Chasing The Light – non pas sans évoquer MGMT – sont ici les plus convaincantes.
Il y a aussi les pièces au mood smili-ska comme Shipshifters, souriante pièce qui ouvre somme toute bien Lo-Fantasy et Angola, imbuvable. Un genre de balade acoustique, mais dont les deux côtés sont givrés – Never Enough – est également décevante. Son refrain est fade et donne l’impression qu’on l’a entendu des centaines de fois. Dommage parce que Sam n’est pas un mauvais parolier, loin de là, et le texte de ce morceau en est encore une fois la preuve probante.
Bref, Lo-Fantasy est un album qui, faute d’être bien équilibré, a le mérite d’avoir été créé dans le but assumé d’explorer, ce qui n’était pas encore tout à fait le cas avec Collider. Sam Roberts vieillit bien, il prend des risques et il vit sa musique avec toute son intensité comme dans ses jeunes débuts. Et ça, c’est une raison suffisante pour y prêter l’oreille.
Ma note : 6/10
Sam Roberts Band
Lo-Fantasy
Universal
49 minutes
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