Safia Nolin lance aujourd’hui UFO Religion qui est techniquement son troisième album solo. On pourrait compter SEUM qui est un album de 8 chansons, mais avec 4 compositions qui sont traitées de manières différentes. Bref, c’est ce qui est le plus près d’un album en bonne et due forme depuis Dans le noir paru en 2018. Dans un texte qui accompagne l’album, Safia Nolin dit que les chansons qui se retrouvent dans UFO Religion n’étaient pas destinées à devenir un album. Elles étaient simplement des pièces qu’elle avait écrites et qu’elle rangeait dans un son bac à chansons.

Sur UFO Religion, Safia Nolin revient à ce qui avait fait son succès en début de carrière : des pièces simples principalement jouées à la guitare acoustique et qui laissent la place centrale à sa voix unique. Pour accompagner le tout, on retrouve certains arrangements intéressant et surtout une bonne dose de bruits de la nature qui ont accompagné Safia Nolin dans l’enregistrement qui s’est fait en extérieur en Estrie.

Il y a à la fois des pièces qui nous rappellent les débuts de Nolin sur UFO Religion. C’est le cas de la fin du monde, une pièce qui nous rappelle à quel point elle est douée pour chanter la mélancolie en toute simplicité. Il faut dire qu’elle a de quoi chanter, car elle n’a pas été épargnée depuis la sortie de Limoilou. Safia Nolin est une autrice-compositrice-interprète qui polarise et qui excite la manne de droite misogyne, homophobe et grossophobe. Et ces gens parlent fort et violemment. Les conséquences humaines des cris de la horde barbare se fait sentir sur l’excellente et crève-cœur nos mauvaises langues. Un appel à la douceur pour apaiser les sentiments de vides qui viennent avec le harcèlement. Une pièce qui parlerait tout aussi bien à un jeune qui vit un mauvais quart d’heure au secondaire aux mains de ses pairs.

On retrouve sur UFO Religion aussi une reprise de et si, de qui avait été lancée en 2023. Cette fois-ci par contre, on y retrouve des sons de la nature alors que les grillons chantent au côté de Safia Nolin. Le côté « field recording » de l’album est franchement intéressant. C’est très efficace sur claps alors qu’un feu de camp donne le ton à une pièce bien intéressante qui parle du traitement de la célébrité et la notion de personnalité publique. Malgré la simplicité de la plupart des enregistrements, Safia Nolin s’est permise une fantaisie en faisant appel à des cuivres ici et là. C’est le cas sur claps, mais aussi sur la fin du monde.

UFO Religion ne bouleverse pas le genre folk triste québécois, mais est un retour bienvenu à la formule du début de carrière de Safia Nolin après quelques années à tester de nouvelles approches. Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne se permet de pas de pimenter les enregistrements en plein air qui colorent les 8 pièces qui composent ce nouvel album. C’est un peu court, mais qui ne s’enfarge pas dans le superflu.