Rouge Pompier lançait « son album aux quatre ans » la semaine dernière. Jessy Fuchs et Alexandre Portelance tiennent encore la plupart des 8 commandements qu’ils se sont donnés : un album aux quatre ans, même s’ils ont un peu triché avec l’EP Re-Neve Campbell (même si on se fie à la sémantique, ça tient) et ce sont toujours deux gars qui offrent un rock qui sonnent comme s’ils étaient quatre. Leurs deux premières règles que je vais enfreindre au cours des prochaines lignes (tu ne parles pas de Rouge Pompier) a déjà été enfreint par la maison de disque qui est propriété de Fuchs, donc je me dis : qu’il règle ses affaires à maison avant de me faire des reproches. Finalement, ma mère ce n’est pas Anne Dorval, mais ça réduirait son public à être Alice ou Louis Coallier… et si on stretch beaucoup Xavier Dolan, ce qui n’est pas mal en soi, mais qui serait chien pour ma mom. Bref, on est dans une zone grise où j’enfreins des règles.

Maintenant que mon illégalité (salut Marjo!) est confirmée, parlons donc de Michael Caine qui lance ce que le groupe présente comme une collection « Michael » qui laisse présager qu’il y aura d’autres sorties que l’album. Encore une fois, les chansons qui se retrouvent sur Michael Caine ont été choisies par un comité de fans qui sont abonnés à leur Patreon, une manière particulièrement démocratique et communautaire de faire les choses. Ce qui n’est pas sans charmes.

Pis, qu’est-ce qu’ils ont choisi?

Étonnamment, l’étrange Paquet d’choses 2 qui clôt l’album avec des bruits de perceuses et des synthétiseurs sortit d’une trame des films d’Halloween. J’ai envie de dire : mais pourquoi? Avant cette bizarrerie, le groupe livre au contraire un solide album de rock plutôt lourd qui offre plusieurs bons riffs qui donnent envie de commencer à headbanger. Pas d’accord qui ouvre l’album met la table de belle manière avec son riff et son refrain efficace.

La lourdeur se fait aussi sentir sur Bouette qui mélange une relation qui est en train de se désintégrer et le sentiment d’avoir les deux pieds dans un trou d’eau qu’on aurait manqué sur le chemin à la cabane à sucre et qui se fera sentir dans l’humidité des souliers pendant le reste de l’après-midi. Ce sentiment de malaise peut aussi naître entre deux êtres humains. Ça fait des moments plates, mais de bonnes chansons. Le thème de la sensibilité émotionnelle est aussi présent sur Élasticoeur qui offre un bon texte qui peut aussi bien se coller à une relation interpersonnelle qui s’envenime que les commentaires haineux sur les réseaux sociaux.

Il y a aussi de l’optimisme et de la tendresse sur Michael Caine, c’est le cas pour Vendredi qui compte sur un très bon riff de guitare et une mélodie vocale efficace. Il faut dire que les tons de distorsions de Jessy Fuchs sont bien choisis et l’amalgame des voix de ce dernier avec Alexandre Portelance est efficace. Métal est une balade touchante de tendresse envers un enfant.

C’est un nouvel album réussi pour Rouge Pompier qui continue leur route du rock avec une autre collection fort agréable. Ce qui fait que la troisième règle du groupe reste très atteignable : monter le son quand on entend une chanson de Rouge Pompier (désolé les voisins).