Critiques

RHYE Home

Rhye

Home

  • Last Gang Records
  • 2021
  • 48 minutes
6

Suivant les parutions de Woman (2013), Blood (2018) et du plutôt long EP de huit titres intitulé Spirit (2019), voici Home, une quatrième offrande qui ne propose pas de nouveaux horizons pour le groupe californien de R&B / soft-pop orchestrale Rhye. En effet, Home est la preuve vivante qu’une recette gagnante peut finir par stagner.

Rhye a été co-fondé par le chanteur et violoncelliste torontois Michael Milosh et le producteur danois Robin Hannibal (Quadron, Little Dragon). Quelques années après la sortie de Woman — un disque frais de soul romantique et de ballades qui a tout de suite été salué par la critique –, Hannibal remettait le destin de Rhye entre les seules mains de Milosh. Le groupe est maintenant le projet de ce dernier, entouré des musiciens qui composaient l’ensemble en concert.

Alors, Home? C’est bon. Mais le grand défaut de ce nouvel album est qu’il n’apporte absolument rien de nouveau à la proposition de Rhye. Sauf, bien sûr, treize nouveaux morceaux raffinés qui, écoutés aléatoirement avec les pièces des précédents albums, se fondent agréablement dans une discographie franchement hétérogène.

Si Blood avait prouvé aux fans de Rhye que Milosh pouvait très bien se débrouiller seul aux commandes du projet, on a bien vite senti que sa vision musicale n’avait pas beaucoup évolué avec les années.

Prenons par exemple le simple Black Rain, paru plus tôt en 2020 : les belles mélodies de voix éthérées, les somptueux arrangements de cordes façon disco, les claviers et les lignes de basses groovy sont du déjà-vu. Comparez cette pièce à l’excellente Phoenix (2018) et vous comprendrez pourquoi j’affirme que tout a été trempé dans la même sauce. Appliquez ces commentaires au reste du disque, puis voilà.

Il faut tout de même souligner les quelques surprises qui animent ce Home, comme les morceaux Intro et Outro qui ouvrent et de concluent magnifiquement l’écoute grâce à un choeur angélique de femmes; choeur que l’on retrouve aussi dans Hold You Down et Holy. Ce sont des moments qui incitent au recueillement.

Comme l’ont expérimenté des groupes comme Ratatat ou Jungle qui ont impressionné avec leurs premiers opus, la proposition musicale de Rhye ne s’est jamais vraiment revitalisée. Une certaine indifférence s’est alors emparée de la critique. L’écoute de Home m’a parfois laissé de marbre…

Sinon, l’album offre de beaux et sensuels moments, surtout parce que Milosh a un don pour écrire des chansons romantiques. Les textes parlent indubitablement d’amour, de passion, de beauté féminine, de confidences, de partage, de sentiments et de douceur.

Things I do for you
Write a million love songs 

Helpless

« A million love songs », c’est pas peu dire!

On ne peut pas vraiment en vouloir au meneur du groupe d’arpenter les terrains connus, puisque ce sont ces chemins qui l’ont mené au sommet de son art.

À défaut de faire exactement comme Milosh et de me répéter encore pendant longtemps, je conclus en soulignant que Home est un bel album, bien fait et réalisé avec raffinement, qui saura plaire aux fans de Rhye. Toutefois, ceux qui, comme moi, avaient envie de découvrir d’autres facettes de la formation resteront vraiment sur leur faim.