Eminem
Revival
- Interscope Records
- 2017
- 78 minutes
Revival, dites-vous? Sortez le défibrillateur, parce que Revival aurait pu bénéficier d’une solide dose d’électricité. Eminem est un rappeur solide qui a fait la pluie et le beau temps à la fin des années 90 et début 2000 en compagnie de Dr. Dre. Il fut un temps où Eminem était l’un des rappeurs les plus intéressants, sinon LE plus intéressant sur la scène. Après un passage à vide au milieu des années 2000, il avait remonté la pente, notamment avec The Marshall Mathers LP 2. Mais depuis, c’est la descente.
Revival manque de saveur. C’est un album qui semble démuni de plaisir. Et ça compte pour Eminem lui-même qui est sur le pilote automatique. Pourtant, il a prouvé maintes fois qu’il est un maître avec les mots, capable de tirer ses rimes avec plus de rapidité que le roadrunner. En cette époque d’éternelle trap music et de triolets uniformisants, sa verve unique et flexible aurait tellement fait du bien à l’amateur de rap.
Ce n’est malheureusement pas ce qui se passe. Eminem arrive avec une parole molle et anti-excitante. Chloraseptic qui compte sur l’apport de Phresher (pouvons-nous vraiment appeler ça un apport?) est d’un ennui mortel. Tout ça pendant que le second nous parle de ses « blue balls »… génial. Walk on Water sur laquelle Beyoncé couche sa voix déjà nous donnait un indice que ce ne serait pas une traversée facile à travers Revival.
Ça ne s’améliore pas au niveau des réalisations de chansons. Remind Me possède un échantillonnage de I Love Rock’N’Roll de Joan Jett qui n’est pas du tout intégré. Un travail de collage qui ne mériterait même pas une étoile de l’enseignante de la classe pour Rick Rubin. L’aventure rock ne se termine pas là! Oh que non! Eminem nous sert un échantillonnage, encore une fois plaqué, de Earache My Eye de Cheech & Chong. Rubin rapplique sur Heat. Encore une fois, c’est fâchant à quel point Rubin a tout simplement fait un travail paresseux, une version cheap de Jay-Z en début de carrière.
Même au niveau des paroles, on se retrouve devant une pâle version de sa force lyrique. Eminem n’a pas toujours été « politically correct » et plusieurs de ses chansons ne pourraient tout simplement pas voir le jour aujourd’hui. Par contre, ce n’est pas une raison pour laisser de côté complètement le deuxième niveau. Il nous dit exactement et directement ce qu’il veut nous dire. Où sont les images, les jeux de mots, les rimes inventives?
Bref, ce Revival ressemble plus à un enterrement. C’est vraiment dommage puisqu’Eminem est un talentueux rappeur capable de mitrailler des mots à une rapidité incroyable. Ne désespérons pas, il s’agit sans doute d’un simple accident de parcours.