Critiques

Pure Carrière

Eterna 83

  • Pantoum Records
  • 2021
  • 32 minutes
7

Pure carrière est un duo formé de Jean-Michel Letendre-Veilleux, guitariste de Beat Sexü et un des fondateurs du Pantoum, et de Laurence Gauthier-Brown, bassiste et chanteuse de Victime. Ces deux formations de Québec nous ont donné de l’excellente musique par le passé, mais au-delà de la géographie et du talent, on aurait hésité à les placer dans la même catégorie stylistique.

Le duo existe depuis 2017 (il avait d’ailleurs livré un EP qui a depuis disparu de Bandcamp) et nous présente sur Eterna 83 des pièces composées au fil des deux dernières années, enregistrées avec des collaborateurs et musiciens invités variés quand les autres projets du duo leur en laissaient le temps. (C’est du moins ce que suggère la présence sur le Web du groupe et ce que nous dit Pantoum-le-label à son sujet, mais l’info est incomplète, mystérieuse, voire contradictoire.)

La présomption facile – mais vague – serait de penser que Pure Carrière tombe stylistiquement quelque part entre le rock/soul/afrobeat de Beat Sexü et le dance-punk/no-wave de Victime. Cette présomption n’est pas inexacte, mais on est beaucoup plus près du territoire énergique/langoureux de Beat Sexü, avec une giclée par-ci, par-là du bruit et de l’énergie démente qu’on associerait plus à Victime.

La formation mord à belles dents dans des idées très variées et déploie toutes sortes d’instruments, d’arrangements vocaux et d’effets sonores. La réalisation est rugueuse sans jamais perdre de clarté, ce qui sert merveilleusement le ton que semble souhaiter Pure Carrière. J’ajouterais aussi que les musiciens choisis font preuve d’une surprenante virtuosité malgré l’emballage parfois brouillon. 

Le revers de la médaille de ce côté brouillon, c’est la vague impression, qui apparaît par endroits, que des pièces ont été faites rapidement, avec une beaucoup plus grande attention portée aux sonorités et aux effets qu’aux compositions elles-mêmes. Les textes m’ont aussi fait un peu grincer des dents par moments, dans des pièces au demeurant très bonnes. Je préfère honnêtement qu’un chanteur mâche ses mots plutôt que de prononcer trop clairement un vers qui ne fonctionne tout simplement pas. Mais ces petits travers ne suffisent pas à gâcher l’ensemble. Un album déjanté qui se fiche d’être trop parfait, dans le paysage musical qui est le nôtre, ça ne manque pas de charme.

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