Critiques

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Pottery

Welcome to Bobby’s Motel

  • Partisan Records / Royal Mountain Records
  • 2020
  • 38 minutes
7,5

Depuis l’émergence d’Arcade Fire au milieu des années 2000, les médias sont sans cesse en quête du nouveau groupe le plus cool de la scène montréalaise. Ces temps-ci, c’est le quintette Pottery qui suscite le buzz le plus puissant avec son premier album Welcome to Bobby’s Motel, un gros disque de party qui se plaît à évoquer les beaux jours du post-punk et du new wave à la Talking Heads ou Devo.

Ça fait déjà un bout de temps que la jeune formation fait parler d’elle. En novembre 2018, le magazine Vice proclamait Pottery « le meilleur band que vous ne pouvez pas écouter parce que les membres refusent de sortir leur album ». À l’époque, le groupe venait de sortir son premier simple, la chanson Hank Williams, mais hésitait à lancer son tout premier EP, pourtant enregistré depuis des mois.

Le EP No. 1 a finalement été lancé en mai 2019, proposant un mélange de post-punk, de new wave et de garage rock dansant et hyperactif, marqué surtout par un refus de se prendre au sérieux et des textes parfois sans queue ni tête (« Hank Williams does speed for the first time », scandait notamment le groupe, en référence à l’ancienne vedette du country, morte en 1953 à l’âge de seulement 29 ans).

Même s’il est habité par le même esprit de folie, Welcome to Bobby’s Motel bénéficie d’une direction plus précise, aidée sans doute par la présence de Jonathan Schenke (Parquet Courts, Snail Mail) derrière la console. Il y a moins ici de changements de ton au sein d’une même chanson, et Pottery délaisse quelque peu ses influences garage et psych-rock pour se concentrer davantage sur son mélange de post-punk et de new wave. La ressemblance avec les Talking Heads est frappante, non seulement sur le plan musical, mais aussi parce que la voix du chanteur Austin Boylan rappelle beaucoup David Byrne. Le groove d’une pièce comme Hot Heater, ou encore le funk-disco de Bobby’s Forecast, nous renvoie immanquablement au classique Remain in Light. Ça ne rend pas la musique de Pottery moins efficace, mais il faut accepter ce côté « rétro nostalgie » pour apprécier l’album à sa juste valeur.

Toute la première moitié du disque est particulièrement jouissive, avec des transitions parfaitement réussies entre les pièces, si bien qu’on a parfois l’impression d’écouter un seul morceau en continu. Les cassures de rythmes sont bien exécutées, sans rien ou presque qui apparaisse forcé. Le moment le plus exaltant se situe toutefois sur la face B, avec l’étourdissante Texas Drums Pt I & II, portée par un riff addictif et des percussions de feu (la cloche à vache!). On compte quelques titres plus tranquilles, comme la ballade Reflection (qui évoque le vieux Peter Gabriel) et Hot Like Jungle, mais Pottery reste à son meilleur quand il y va à fond la caisse.

Même si l’énergie de Welcome to Bobby’s Motel semble un peu mieux canalisée par rapport à la folie qui caractérisait le EP No. 1, Pottery n’oublie pas son côté un peu débile. Ainsi, le Bobby du titre est décrit comme « un pilote, un bûcheron, un papa au foyer et un danseur disco qui ne déchire jamais ses pantalons ».

Il est tôt pour dire si Pottery saura s’élever au-delà du statut de saveur du mois pour devenir un des porte-étendards de la scène montréalaise. Comme beaucoup d’autres avant eux, les membres du groupe sont originaires d’un peu partout (de l’Alberta, de la Colombie-Britannique, de l’Angleterre), mais ils ont trouvé à Montréal un terreau artistique fertile. La suite nous dira de quel bois ils se chauffent.

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