Population II est une formation qui n’arrête pas souvent. Depuis la sortie de leur deuxième album, Électrons libres du Québec, en 2023, la formation a présenté deux EP : Serpent échelle et un split avec Mulch. Malgré cette frénésie créatrice, la formation ne semble jamais à bout d’inspiration. Sur Serpent échelle, on le vivait à travers l’excellente R.B. qui montrait des facettes différentes de leur son. Maintenant jamais fait aussi cela. Le groupe est moins bruyant, ce qui pousse au-devant de la scène le côté psychédélique et les textes. N’allez pas croire que c’est du folk acoustique pour autant, ça demeure du rock bien charnu.

D’un album à l’autre, on se dit que la recette de Population II va se figer, mais il n’en est rien. Sur Maintenant jamais, le trio continue d’essayer de nouvelles avenues, de chercher de nouvelles sonorités et s’il laisse un peu de muscle derrière, il le fait au profit de textures sonores délicieuses pour les oreilles. Haut-fond est un exemple parfait de tout ça. Les sonorités des synthétiseurs de Tristan Lacombe sont variées, féériques et ultra-mélodieuses alors que la basse de Sébastien Provençal est à la fois groovy et audacieuse par les chemins qu’elle prend pour nous conquérir les tripes.

La pièce qui surprend peut-être le plus est Prévisions et sa trame tendue sur laquelle Pierre-Luc Gratton chante certaines des meilleures lignes qu’il a écrites : « C’est écrit dans le ciel / Mais je suis dyslexique / J’ai de la misère ». Une si belle image peinte avec des mots foncièrement jouals. D’ailleurs, la québécité de Population II est plus que jamais à l’avant-plan sur Maintenant jamais. Ce trio qui a toujours semblé prendre une grande fierté dans le parler de chez nous en rajoute sur cet album. Ça jase de prélart et de piastres sur la bruyante (la plus musclée de l’album) La Trippance. Cette dernière est plaisante d’un bout à l’autre.

Le côté plus expérimental de la formation n’est pas mis de côté sur Maintenant jamais. Il est simplement mieux harnaché. C’est le cas sur Cardinaux qui termine l’album ou encore ces vignettes plus courtes qui ponctuent l’album. C’est parfois musical comme 12 13 1 3 1 qui offre de belles sonorités ou encore Macavélique rock qui emprunte un petit peu à Tool. Poudreuse blues y va davantage pour une mélodie chantée qui est elle aussi très efficace.

En fait, il faut le dire, Maintenant jamais est le meilleur album de la formation à ce jour. Et ce n’est pas peu dire parce que les deux premiers sont excellents. Population II est un des groupes rock les plus excitants de la belle province depuis 5 ans et en rajoute à chaque album. Si le groupe a été signé chez Castle Face de John Dwyer jadis, on peut dire aujourd’hui que les élèves ont certainement rattrapé le maître.

De. la. bombe.