Philémon Cimon
Les femmes comme des montagnes
- Audiogram
- 2015
- 44 minutes
Depuis le début de sa carrière musicale, Philémon Cimon patine sur une glace relativement mince. Des Sessions Cubaines à L’été, on aimait les propositions musicales de l’artiste ou on les détestait tout simplement, Cimon étant le genre d’artiste qui ne laisse personne indifférent si on peut dire. Sa poésie quasiment naturaliste charme autant qu’elle peut énerver, son ton maigrelet et haut perché peut également égratigner le plus sensible des tympans. Qu’à cela ne tienne, il avait tout de même réussi à pondre deux très efficaces et beaux albums. Fort de ses deux précédents succès, il présente son troisième opus Les femmes comme des montagnes cette semaine, un album à mi-chemin entre la chaleur de son premier et les compositions plus pesantes de son deuxième, paru il y un an et demi, une sorte de dénouement à une fictive trilogie.
Sur ce nouvel album, on sent la volonté de Philémon de se défaire de cette beauté et de cette simplicité qui faisait pour beaucoup sur ces précédents efforts. Des fois, ça fonctionne, et d’autres fois, moins. Elle se traduit efficacement comme sur la superbe Ces montagnes, chanson phare de cette nouvelle collection et sûrement une des plus belles chansons de son répertoire: «Fou de toi je suis et ce jusqu’à l’immortalité/Nu je suis né, et fou je serai, j’irai où j’irai», qu’il chante sur cette pièce. D’autres chansons telles Je t’ai jeté un sort, Toi jeune fille et Eve démontre un artiste en pleine possession de ses moyens, avec des arrangements riches signés par l’artiste et Guido del Fabbro. On navigue entre rythme yéyé, rock à saveur indie et musique «acoustico-romantique». Côté texte, Philémon porte un regard intéressant sur l’amour en général, et ses propres relations avec les femmes, avec lesquelles il semble avoir un rapport assez complexe. On n’est pas surpris, mais le résultat est probant et d’une redoutable efficacité. Du grand Philémon, quoi.
C’est quand il devient ironique, à la limite sardonique que ça lève un peu moins, comme sur la pièce Maudit, où on l’entend répéter «Maudit que j’ai envie de te tromper, mais je le ferai pas», pour ensuite conclure, «J’t’aime encore/Mais c’est pas facile/D’être en couple/ De nos jours.» Euh… Ok. Merci, on savait déjà. Il conclut la pièce en cacophonie, une sorte d’autoflagellation, comme si le désir d’aller voir ailleurs était trop grand qu’il fallait qu’il se fasse mal. Ailleurs, sur Des morts et des autos, il chante, tout doucement, «3 morts dans le coffre d’une camionnette, la tête coupée les jambes arrachées, y’avait 3 morts dans une camionnette/Deux morts sur la banquette d’une Crysler 300, plusieurs balles et une mer de sang, y’avait deux morts dans une Crysler 300.» Morbide. On comprend l’exercice de style, mais dans la thématique de cette épopée romantico-sexuelle, on se demande dans quelle optique une telle chanson se place ici, surtout en fin d’album. Peut-être parce que la mort aura foi de tout à défaut de l’amour qui pourra être volage et fragile, peut-être ?
Co-réalisé par l’artiste et Philippe Breault, son acolyte depuis le tout début, Les femmes comme des montagnes, est, malgré ses minimes écarts, l’œuvre d’un artiste original, fascinant, d’une créativité à l’état brut, qui pousse la chanson francophone québécoise dans des territoires peu explorés. Et juste pour ces raisons, ça mérite tout l’amour qu’on a pour l’artiste, et une écoute plus qu’attentive à ce nouvel album.
*Lancement d’album à Rouyn-Noranda
Vendredi 4 septembre – Cabaret de la dernière Chance – 19h
Festival de musique émergente en Abitibi-Témiscamingue
Entrée gratuite
*Lancement d’album à Montréal
Mardi 8 septembre – Le National – 19h
Entrée gratuite avec preuve d’achat de l’album
Albums en vente sur place
Ma note: 7,5/10
Philémon Cimon
Les femmes comme des montagnes
Audiogram
44 min
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