Ce n’est plus un secret pour personne, le rock psychédélique des années 60 est à la mode dans la chanson québécoise des années 2020. Parmi les artisans de ce style très prisé, le groupe Perséide est certainement l’un des plus emballants. Après avoir publié deux albums, dont Les couleurs d’été (2023), qui a été nommé au GAMIQ dans la catégorie album rock de l’année, le quintette trifluvien est revenu à la charge avec une troisième offrande de grande qualité. 

Brillamment réalisé par Simon Paradis (Alexandra Lost, Anatole, Gab Paquet, Les Lunatiques), Passages secrets nous offre 11 titres planants qui incitent à se libérer de nos chaînes pour accéder à ce qu’il y a de mieux en nous. Les paysages dans lesquels nous entraîne l’auteur-compositeur-interprète Louis-Philippe Cantin sont riches et colorés, à un tel point qu’on aurait envie de les peinturer, ou encore de s’y évader. 

J’aimerais avoir, un château dans le ciel
Fait de tours ruinées et de vitraux vermeils
Et passer sous des arches, où on s’embraserait
Écrasés dans des vignes, qui assiègent une pierre
Plus vieille que nous 

– Château dans le ciel 

Ces textes imagés sont parfaitement soutenus par une musique qui voyage et nous fait voyager. Les musiciens Olivier Durand (guitare électrique), Samuel Milette (basse), Nicolas Poirier (synthétiseurs, piano,etc.) et Adrien Lauture (batterie) ont cette capacité de broder autour de la guitare de Cantin pour nous offrir une trame sonore symbiotique et inattendue. Grâce à leurs interventions originales et insérées au parfait endroit, ils font la démonstration que des chansons peuvent progresser malgré une structure de base simple.  De plus, les chœurs, dont plusieurs sont assurés par David Bujold (Fuudge) ainsi qu’une certaine Ariane Roy, apportent beaucoup de momentum aux pièces. Ça donne souvent lieu à des refrains percutants, particulièrement dans Se perdre, Nuit noire et Ultrasolaire. 

Notons aussi que, sans entraver leur thème général, le groupe se permet quelques incursions dans d’autres styles musicaux. À titre d’exemple, La rivière est une pièce country très réussie qui offre de jolis contrastes entre ses trois phases. Et que dire de la magnifique Amsterdam, un bijou folk-rock enrobé dans une chaude couverture en pedal steel (manié de main de maître par Raphaël Laliberté-Desgagné). 

Les arbres verts et violets
Dessinent des aurores lumineuses
Le sentier est parfait
Pour mettre ma tête en veilleuse  

–Amsterdam

Passages secrets est une œuvre très recherchée et agréable d’écoute qui contribue à faire de Perséide un passage obligé pour les amateurs de musique rétro et de chanson québécoise. Si vous ne les connaissez pas, vous réaliserez qu’ils portent très bien leur nom. Pour ma part, j’attends impatiemment le moment où j’écouterai leur musique en contemplant le ciel étoilé du mois d’août. Je crois bien que je parviendrai à m’y perdre.