Nas
Nasir
- Def Jam Recordings / Mass Appeal
- 2018
- 27 minutes
Il y a longtemps qu’un album de Nas n’avait pas paru. Le dernier Life is Good prouvait à quel point il était toujours un des plus brillants MCs américains. Après, tout, il n’y a que Nas qui gagné une grogne contre Jay-Z et pendant des années, il a été le roi du micro de New York. Voilà que par un heureux coup du destin, Nas est allié à Kanye West pour son nouvel album Nasir qui s’inscrit dans la suite de 5 albums à paraître chez Def Jam ce printemps. C’était d’abord Pusha T, puis le Ye de West, Kids See Ghost puis ce sera au tour de Teyana Taylor.
Que dire de ce Nasir? Eh bien, Nas, si bon à l’habitude pour faire ressortir des perles du quotidien, se lance dans des trames narratives beaucoup plus minces. Les compositions de Kanye West sont bien, mais ne vont pas au mieux avec le débit de Nas. Sans compter que Nas ne couche pas ici ses meilleurs textes. L’ensemble est plutôt décevant, surtout 6 ans après Life is Good, pour arriver avec seulement ça? C’est un peu décevant.
L’un des bons moments de Nasir est Cops Shot the Kid avec son échantillon répétitif qui nous plonge presque en transe. Nas y injecte peu de mots, mais chacun sont lourds de sens. On y aborde la situation des Afro-Américains toujours pris dans une dynamique de violence et de pauvreté rampante. Kanye West accompagne Nas sur celle-ci en rappant quelques lignes. Par contre, on ne peut pas dire que c’est la chanson la plus profonde de la discographie de Nas. Oubliez le deuxième et troisième degré ou les jeux de mots inventifs, ils sont mis de côté pour une attaque frontale.
Et c’est une des pièces les plus réussies de Nasir. everything voit The-Dream rejoindre Nas. Le refrain est efficace et le MC est un peu impliqué dans sa prose. Puis, The-Dream reste pour Adam and Eve qui suit immédiatement. Jouant sur un vieux refrain Kourosh Yaghmaei, le père du rock iranien, celle-ci montre de beaux flashs et certaines bonnes gymnastiques langagières.
Le grand problème avec Nasir n’est pas que les flashs intéressants sont complètement absents. Mais voilà, ça manque de constance et pour les quelques bons coups, il y a de nombreux moments où on se demande où Nas voulait se rendre avec sa prose. Pour un si bon parolier, c’est surprenant de le voir à la remorque de sa parole plutôt qu’au-devant, nous impressionnant avec ses réflexions surprenantes sur la vie.