Motörhead
Bad Magic
- UDR Records
- 2015
- 43 minutes
Il y a des groupes qui font la même chose depuis près de quarante ans dont on ne se lasse jamais… et Motörhead vient assurément en tête de liste pour votre vieux briscard de prédilection. Oui, les salopards menés par le vénérable Lemmy revenaient la semaine dernière avec un vingt-deuxième album studio intitulé délicatement Bad Magic. En 2013, le trio nous avait gratifiés d’un solide Aftershock. Derrière la console? Le sempiternel Cameron Webb qui réalise les disques de la formation depuis 2004, d’Inferno, en passant par Motörizer jusqu’à ce Bad Magic.
Évidemment, rien d’étonnant pour la formation convoyée par ce vil personnage âgé de 69 ans qu’est Lemmy. Toujours ce hard rock de «bécyk», un peu punkisant, joué sans compromis, à fond la caisse et sans aucune espèce de subtilité. Quand certaines chansons sont titrées Teach Them How To Bleed ou encore Tell Me How To Kill, on se doute très bien à quelle enseigne on loge… Cela dit, la réalisation est un peu plus salopée et crade qu’à l’accoutumée (du moins en ce qui concerne les plus récents efforts) et l’idée de faire jouer Motörhead ensemble, en direct en studio, y est pour beaucoup.
Ça rock, c’est puissant, c’est crotté, sans que ce soit trop lisse et consensuel. Bien sûr, les précurseurs du thrash métal ont vieilli, mais ça explose toujours aussi bien dans nos oreilles détériorées par tant de décibels «accumulés» au cours des trois dernières décennies. Honnêtement, on offre une génuflexion sentie à Lemmy, Phil Campbell et Mickey Dee qui se surpassent sur ce Bad Magic.
Curieusement, même si on entend nettement l’usure de l’organe vocal de Lemmy (que dire de son organe génital et de son foie?), Webb fait un excellent travail, positionnant le bonhomme à l’arrière-plan dans le mix, tout en conservant précieusement ce qu’on aime chez notre vieux criss préféré: les imperfections de sa voix. Oui, Lemmy offre une performance sans bavure. Un tour de force!
Sans blague, aucune chanson faiblarde au programme, même la «power-ballad» Till The End surprend par la véracité du propos, le vétéran nous suggérant fortement d’y aller à fond de train jusqu’à notre dernier souffle. Vous savez quoi? Plus on vieillit, plus on adhère à cette philosophie. Pas de temps à perdre, il faut vivre sa vie avec ferveur du début à la fin! Bad Magic commence avec trois brûlots imparables: Victory Or Die, Thunder & Lightning et le hard-rock millésimé Fire Storm Hotel. On a également eu le goût d’une bonne rasade de Jack Daniel’s pendant la locomotive The Devil (solo de guitare gracieuseté de Brian May de Queen), la punk Electricity, l’explosive Evil Eye ainsi que tout au long de Sympathy For The Devil, reprise réussie du grand classique des Stones.
Que dire de plus? Motörhead mérite le plus grand des respects, particulièrement Lemmy, qui à près de 70 ans fait encore la barbe à ses semblables en proposant un disque de rock’n roll qui décape pas à peu près. Si on atteint un jour cet âge révéré et que notre amour de la musique n’a pas pris une seule ride, on pourra se dire mission accomplie. Avec Motörhead, c’est tout pour le rock ou rien du tout et c’est parfait comme ça!
Ma note: 7/10
Motörhead
Bad Magic
UDR GmbH
43 minutes
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