Peu d’artistes peuvent se targuer d’avoir une longévité aussi perdurable et une capacité de réinvention aussi large que Miley Cyrus. Certains vont se rappeler de l’époque d’Hannah Montana, certains vont se rappeler des controverses de l’album BANGERZ, tandis que les petits nouveaux se souviendront de l’omniprésence du succès Flowers en 2023. Bref, Destiny Hope Cyrus traverse les époques et parvient à se fondre en elles, ce qui fait que chaque génération y trouve son compte. C’est un luxe que peu de vedettes peuvent se permettre, et elle, elle le peut.

C’est pour cela que, quand il y a quelques mois, la chanteuse avait sorti coup sur coup Prelude et Something Beautiful, cette dernière étant également le titre de son nouvel album, la nouvelle direction artistique au bord du psychédélique en a fait sourciller plusieurs. Quoi, Miley Cyrus qui se réinvente? Dans d’autres nouvelles, l’eau mouille et le feu brûle! Mais bref, Something Beautiful sonnait comme le glas dans la riche et reluisante carrière de Cyrus. Assagie, mais impertinente, elle était intéressante à observer pour voir si le psychédélique et la pop-disco « classique » allaient lui convenir.

Après donc un prélude récité en guise d’introduction (avec la collaboration de Cole Haden du groupe Model/Actriz à l’écriture… je tiens juste à le dire, car je trouve cette information incroyable), ainsi qu’une chanson-titre délicieusement bizarre et grandiose, on a déjà le premier succès (en tout cas, pour moi, ça sonne comme un succès) : End of the World. La pièce est à l’orée du disco à la ABBA et de la power-pop des années 2010. Et croyez-moi qu’en 2025, cela ne sonne pas du tout ringard. Il faut dire que Miley arrive à injecter dans cette concoction une modernité étonnante, et ça montre que les hommages au passé ne sont pas obligés d’être des pastiches.

Ce qui est impressionnant dans cet album, c’est à quel point il est musicalement complet, et ça passe par les deux courts interludes, mais qui proposent les toiles instrumentales les plus éclectiques et expérimentales. De plus, ils permettent de construire le pont entre tradition et avant-gardisme. More to Lose montre également cette alliance entre classique et moderne, graciant nos oreilles avec un solo de saxophone très classe. Une autre des forces de Miley Cyrus, qui passe souvent sous le radar, et qui brille particulièrement sur Something Beautiful, c’est sa voix. Je la comparerais même à celle de Bonnie Tyler, avec cette patte rock&roll et un timbre rauque qui la rend à la fois intense et vulnérable. Sa voix de poitrine, en particulier, peut très facilement filer des frissons. À titre d’exemple, Golden Burning Sun utilise des mélodies instantanément accrocheuses sans pour autant sonner poussiéreux, et cela passe grandement par la voix puissante de la chanteuse.

Évidemment, je parle des grands détails jusqu’ici, mais il y a une piste sur laquelle je veux me pencher un peu plus. Dès les premières notes… non, dès les premières MICROSECONDES de Walk of Fame, je le savais dans mes os qu’on tenait quelque chose de grand. C’est un morceau pop incroyablement complet et cathartique, en plus d’être un hommage à la scène ballroom ainsi qu’une force tout bonnement NÉCESSAIRE à notre ère. Une fois que j’ai atteint les « let’s live forever » durant la dernière minute, j’étais carrément émue. C’est la musique pop que j’aime et que j’ai envie d’entendre.

Je note également l’apparition ahurissante de Naomi Campbell (!!) sur le titre Every Girl You’ve Ever Loved. Un peu comme Walk of Fame, c’est un morceau parfait pour les passerelles de défilé de mode, en plus de prendre son temps pour se construire comme une vraie petite odyssée. Les deux derniers morceaux, Reborn et Give Me Love, concluent avec brio ce qui est, à mon sens, l’album le plus riche et dense de la carrière de Cyrus, en plus d’être probablement son meilleur tout court (et son meilleur DE LOIN depuis Plastic Hearts).

De ce que j’ai pu voir, Something Beautiful ne se dirige pas exactement pour être l’album le plus commercialement rentable pour Miley Cyrus. Cela dit, ce n’est pas un problème pour moi : on est là pour la musique avant les écoutes en ligne. Et honnêtement, je trouve que cet album vieillira comme un bon vin. Il durera, j’y crois.