Critiques

Mike Shabb

Life Is Short

  • Make It Rain Records
  • 2020
  • 24 minutes
6,5

« Mike Shabb est sans contredit l’un des rappeurs les plus travaillants de Montréal ». C’est ce qu’on peut lire dans sa biographie sur le site de la maison de disques Make It Rain Records dont il fait partie. Dur de dire le contraire. Après Northwave et Newave parus en 2018, Mike Shabb connaîtra son plus grand succès avec son album GLOOM en 2019, surtout grâce au simple Big Bag produit par VNCE CARTER (Dead Obies). Peut-il revenir encore plus fort en 2020? C’est avec l’album Life Is Short que la réponse viendra. 

L’album commence en douceur avec la pièce Repeat, produite par Danny Ill (les quatre premières pièces sont d’ailleurs produites par lui). C’est sur une production haut de gamme que Mike Shabb nous ramène le vibe de GLOOM : des paroles chantées avec l’aide de l’autotune. C’est une pièce efficace qu’on pourrait écouter à n’importe quel moment de la journée. 

La chanson Slide suit. Cette chanson au BPM plus lent marque un changement de rythme. La voix de Shabbo est plus grave à certains moments et la basse frappe différemment. C’est beaucoup plus percutant comme pièce. Et que dire de la fin? Un gros changement de vibe par le producteur Danny Ill qui laisse aller un synthétiseur et de gros kicks. On se croit tout d’un coup dans un album de synthwave ou dans le film Drive de Nicolas Winding Refn. Bien joué.

Focus nous offre un bon mélange des deux chansons précédentes. En chantant presque en chuchotant par moment, l’artiste nous offre une autre pièce efficace, facile d’écoute. 

Back Home reprend où nous avait laissé la pièce Slide (elles auraient d’ailleurs peut-être dû se suivre dans la chronologie de l’album), soit dans une ambiance outrun. De plus, le jeune rappeur nous dit combien il est bien en Californie et qu’il ne veut pas revenir à la maison. C’est définitivement une pièce qui s’écoute bien en Lamborghini rose sous les palmiers.   

Hesitate, premier extrait produit par Shabbo lui-même, suit. C’est la pièce la moins intéressante du disque jusqu’à présent. Le ryhtme, qui rappelle le drill rap très populaire en ce moment, aurait probablement bénéficié d’un Shabbo plus incisif et mordant au lieu de chants « auto-tunés ». 

La chanson suivante, Shine, semble être produite par Kanye West lors de son époque 808s & Heartbreak, rien de moins. Comme si après avoir produit Find Your Love de Drake, Kanye avait produit Shine pour Mike Shabb et ce dernier l’avait garder pendant 10 ans que pour lui. Mais non, c’est encore Danny Ill. Travail assez remarquable pour ce dernier jusqu’à présent. 

Jimmy Neutron est la première pièce de l’album produite par VNCE CARTER, et ça paraît. On reconnaît sans aucun doute la signature de VNCE dû à sa production et à la voix très aiguë de Shabbo. Par contre, on sent un changement dans le son offert depuis le début du projet, comme si on revenait à l’album GLOOM. Bon ou mauvais point? Je vous laisse juger. 

Avec Jacques Cartier, Mike Shabb délaisse le chant pour le rap, et ce pour la seule fois de l’album. Ce qui aurait dû me plaire m’a un peu déçu. Le flow offbeat utilisé par le rappeur semble maladroit plutôt que maîtrisé et ce, plus que la chanson avance. Par contre, bonne production de la part de Gainz, Roby, jamvvis, Mike Shabb et VNCE CARTER.

L’album se conclut avec Lonely, pièce nostalgique sur laquelle le rappeur mentionne qu’il se sent seul. Danny Ill nous ramène dans le rétro/vaporwave, ce qui est, à la surprise générale, la pièce la plus maitrisée. On joue beaucoup avec la voix de Mike Shabb pour la rendre plus aiguë ou plus grave au fil de la chanson et l’effet est bien réussi.

Somme toute, Life Is Short est un projet plutôt intéressant et sans aucun doute le plus différent du catalogue de Mike Shabb. Malgré qu’on s’ennuie du vieux Shabbo, de ses chansons violentes et de sa voix grave, le nouveau style sur lequel surfe le rappeur lui va assez bien. Par contre, un seul producteur (Danny Ill dans ce cas-ci) aurait été bénéfique pour assurer l’uniformité du projet, et non pas parce que les autres productions sont mauvaises, loin de là. Même si l’album a été créé en deux jours dans un chalet du Mont-Tremblant, on se sent plutôt comme si on était un mois sur le bord de l’eau à Los Angeles. On peut donc dire que c’est un pari réussi. 

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