Critiques

Metronomy

Love Letters

  • Because Music
  • 2014
  • 42 minutes
7

a9163ed7Voilà près de trois ans qu’est paru l’excellent The English Riviera de Metronomy. Cet album a permis à la formation d’affirmer leur talent sur la scène anglaise, mais aussi du côté international. L’album qui a été en lice pour le prestigieux prix Mercury avait ceci de fascinant. C’était un univers sonore complètement différent de Nights Out, leur opus précédent. On était donc en droit de se demander dans quel univers allait nous projeter la bande à Mount. Cette fois-ci, Metronomy y va avec un titre comme Love Letters et surtout un album rose bonbon qui rappelle le Pepto-Bismol des lendemains de veilles…

Les simples parus dans les derniers mois laissaient un peu perplexe. Alors qu’I’m Aquarius lorgne franchement vers l’univers proposé sur The English Riviera, Love Letters, avec ses cuivres qui suintent le deuil, est caractérisé par une musique enjouée où le piano est central; une chanson qui vogue sur un océan sonore complètement différent. On y retrouve aussi des chœurs forts efficaces dominés par la voix d’Anna Prior. À l’image des deux premiers extraits, Love Letters semble pris entre deux sièges et contrairement à Nights Out ou à The English Riviera, ça ne donne pas l’impression d’une œuvre solide, sculptée dans un seul bloc de pierre, mais plutôt d’un ensemble de pièces qui se balancent d’une atmosphère à l’autre.

Le talent mélodique de Metronomy n’est pas en jeu ici. Les Anglais sont toujours aussi accrocheurs et un très bon exemple est Call Me, avec sa mélodie complètement hors-norme, mais absolument intoxicante. Never Wanted qui clôt Love Letters fait aussi partie des surprises alors que le groupe créé une pièce épurée sur laquelle une guitare électrique claire occupe l’avant-plan, celle-ci accompagnée de la voix haute perchée de Mount. Un morceau très british autant en raison de sa mélodie que par sa construction.

Ce qui laisse perplexe? Les trois premières pièces The Upsetter, I’m Aquarius et Monstruous qui calquent l’esthétique préconisée sur The English Riviera. Tout cela est ensuite brisé par la pièce-titre, mais cela n’enlève pas l’impression d’osciller sans cesse entre le passé et le futur, comme si le présent lui, avait été oublié en chemin. Month Of Sundays nous ramène elle aussi dans le passé pour ensuite tomber sur Boy Racers, pièce instrumentale et particulièrement entraînante, qui vient complètement détonner.

C’est cette valse-hésitation qui laisse un peu sur sa faim en écoutant ce Love Letters. Ça ne fait pas de l’album une médiocrité pour autant. Au contraire, on y trouve plusieurs bonnes pièces qui vous donneront envie de vous brasser le popotin, mais ce n’est pas exactement à la hauteur de ce que peut concevoir ce groupe de talent. On est une coche en dessous de la qualité des deux albums précédents. Ceci dit, ceux qui ne les connaissent pas du tout, trouveront là sans doute, quelque chose qui vaut la peine d’être écouté… et les fans finiront sans doute par se dire: «Bah! Ce n’est pas mauvais non plus.»

Ma note : 7/10

Metronomy
Love Letters
Because Music
42 minutes

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