Critiques

Metallica

72 Seasons

  • Blackened Records
  • 2023
  • 77 minutes
6

S’il y a un album qui fait couler beaucoup d’encre depuis sa sortie, c’est bien 72 Seasons, le nouvel album de la formation Metallica. Ce qui est le fun quand il est temps de se pencher sur Metallica, c’est qu’il y a une échelle d’évaluation construite par le groupe : de l’excellence de Master of Puppets à l’absolument indigeste Lulu.

Il y a peu d’attentes avec 72 Seasons. Le dernier excellent album de Metallica date quand même de 30 ans lorsque le Black Album est venu créer une onde de choc qui a fait passer le groupe dans la culture populaire grâce à ses clips visuellement impressionnants et pour la fameuse chanson Enter Sandman. Depuis, le groupe a connu des hauts et des bas, certains « bas » sont même bien documentés sur Some Kind of Monster.

Où se situe donc ce 72 Seasons? Dans le milieu. Au-dessus de Load, Reload et Saint-Anger, mais bien en deçà des grands albums des années 80 et du début des années 90. Le groupe est encore capable de composer de bons riffs de guitare et livre le tout avec adresse. Ils se permettent même une pièce thrash qui rappelle les années Kill ‘Em All avec Lux Æterna où le riff donne envie d’aller faire de la moto en Californie encore plus que Fuel. Mais autour des quelques pièces plus lourdes, on retrouve surtout un hard rock qui reprend les mêmes recettes qui ont fait le succès de Metallica. Cependant, on va le dire, dès le début, l’horrible réalisation de Greg Fidelman n’aide en rien la cause de 72 Seasons. C’est trop clair, trop mielleux et trop ampoulé pour laisser la musique vivre réellement.

Ce n’est pas tant que le groupe tourne en rond, mais il pige beaucoup dans les choses qui ont marché par le passé. Des moments où Lars Ulrich tape de la cymbale entre deux riffs de guitares pour attiser notre enthousiasme sur Screaming Suicide ne sont qu’une pâle copie de ce qui est utilisé comme truc sur Sad But True. En même temps, c’est un peu ingrat de demander à des musiciens qui approchent la soixantaine de se réinventer.

On peut même dire que Metallica fait bien ce qu’il fait à ce point-ci de sa carrière sur 72 Seasons. On le voit sur Shadows Follow, une chanson qui compte sur une bonne mélodie et quelques bons riffs de guitare. Too Far Gone? est aussi sculpté dans le même roc. Ce n’est pas aussi effréné dans le rythme que dans leur jeunesse, mais ça demeure plus lourd que l’ensemble de la discographie d’Avenged Sevenfold. If Darkness Had a Son est un bel exemple aussi du groupe qui renoue avec ce qui avait fait son succès sur Wherever I May Roam.

Les sujets chers à James Hetfield sont de retour : la bête intérieure et les combats avec soi-même. Le plus récent épisode de rechute du chanteur l’a sûrement inspiré à parler de ces sujets qui habitent Metallica depuis Master of Puppets. Une chose est sûre, et c’est peut-être la constante dans les albums de Metallica : Kirk Hammet a encore les doigts agiles.

72 Seasons plaira certainement à certains fans qui ont vieilli avec le groupe qui y trouveront un réconfort assez lourd pour se contenter, mais pas assez métal pour être rebuté. Pour les métalleux, sûrement que la proposition semblera beaucoup trop légère. Pour le mélomane un peu exigeant, vous allez sans doute rouler des yeux avant de remettre Master of Puppets pour vous rappeler à quel point le groupe a déjà été impressionnant.

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