Critiques

Maxime Gervais

Une nouvelle forme de joie

  • Cuchabata Records
  • 2020
  • 46 minutes
7

Pendant que dehors, des forces plus puissantes que nous étaient en œuvre, il me restait juste à me souvenir d’arroser les plantes de temps en temps.

C’est drôle, il se passait tellement rien que ma réponse a été de faire du bruit. De créer du bruit qui allait plus vite que d’habitude. Ça m’a surpris. Faut croire que j’avais besoin d’action. Que j’avais besoin de m’amuser. Que j’avais besoin de réfléchir le moins possible.

C’est une partie du texte qui accompagne l’album Une nouvelle forme de joie de Maxime Gervais, un artiste compulsif qui cumule des spectacles d’humour et des albums à un rythme quasi surhumain. Le dernier album de Big Max, pour les intimes, était Michel 2 — La résurrection en octobre 2019.

Une nouvelle forme de joie se démarque par ses sonorités plus punk rock sans jamais tout à fait tomber dans le genre. Il se permet quelques belles excentricités dans les textes alors que les mélodies vocales sont simples, mais toujours efficaces.

Autocombustion qui ouvre la galette donne le ton. On sait à quoi s’attendre. Ça rentre au poste avec des accords plaqués, un chant qui est à la limite du cri et un texte avec de la répétition franchement efficace. Ça se peut qu’après l’écoute vous ayez souvent « souviens-toi des météorites » dans la tête. Il y a même un pont avec des claviers qui imitent les cuivres. On dirait la Californie.

Je suis mort d’autocombustion
J’ai dansé jusqu’à l’ignition
Mon cœur pompe du sang en fusion
Toute ma chair entre en éruption

Le feu est pogné dans ma maison
J’éjacule des millions de tisons
Étrangement le feeling est bon
C’est l’extase d’la sublimation

Autocombustion

Je dis bien que c’est un album avec des influences punk rock, mais on y trouve aussi des bouts qui sont presque new wave comme la chanson-titre qui nous rappelle les années 80 sans détour. Il y a aussi d’autres bizarreries comme Photosynthèse qui est une pièce un peu aérienne et mélancolique. Et elle est très bonne. Même son de cloche de Tilikum qui frappe dans le mille.

À travers l’ensemble, il y a des pièces moins réussies comme Disco Cthulu qui, même si elle possède un rythme entraînant, manque un peu de corps avec la voix aérienne. C’est un drôle de contraste qui finalement ne sert pas vraiment Gervais. Bobépine 2020 n’est pas tout à fait réussi, même si le texte est plutôt intéressant. Il y incorpore de nombreux problèmes sociaux qui sont reliés au fait de vivre en ville, mais le rendu est un peu brouillon.

Une nouvelle forme de joie est un album bien sympathique de Maxime Gervais qui continue de nous partager ses observations de la vie qui sont à la fois originale, singulières et pertinentes. Il y a toujours un ton légèrement humoristique chez Gervais, mais il fait preuve également d’une grande sensibilité face à ce qui l’entoure.

Crédit photo: Laurence Lemieux