L’auteure-compositrice-interprète Malika Tirolien nous présente HIGHER qui s’impose comme le deuxième album d’une tétralogie ayant d’abord débuté par Sur la voie ensoleillée, parue il y a 7 ans. Cette fois, HIGHER est plus ancré dans la spiritualité. On s’immisce dans un esprit qui balance entre colère et pardon, où la volonté de se battre se transforme devant nous en un appel à la solidarité.

Co-réalisé avec le multi-instrumentiste et compositeur Michael League (Snarky Puppy, Bokanté), on retrouve beaucoup plus de synthés que sur le premier album et on délaisse davantage les éléments créoles, sans toutefois renier cette origine. La collaboration étroite avec le New-Yorkais a fait émerger un style musical se trouvant dans la même lignée que le nouveau jazz et le néo-soul, style nommé Highsoul: un étoffé et dynamique amalgame de jazz, de soul, de R&B, de hip-hop et de psychédélique. On peut aussi ressentir l’influence d’artistes comme Erykah Badu, Meshell Ndegeocello et Kamasi Washington. Autrement dit, c’est un son unique qui ne ressemble à rien de ce qui se fait en ce moment au Québec.

Dévoilée le 26 février, la Montréalaise d’origine guadeloupéenne étonne par une œuvre qui écarte toute redondance. L’abondance des genres musicaux est loin d’être lourde, au contraire, ils s’emboîtent et s’entremêlent, créant un son coloré, tout en nuance.

Dans Dreamin’ et Better, c’est le soul qui nous envoûte, tandis que dans Sister, No Mercy et Prière, le rap et le hip-hop s’y glissent pour justifier une certaine urgence et pour mieux y faire passer les messages véhiculés. Grow surprend par son ton plus rock, pour ensuite s’élancer vers une dynamique traversée de claviers, joués de main de maître par Jason Lindner ainsi que Frank Locrato. Puis, on franchit presque la frontière du jazz avec Don’t Come Around qui clôt l’album en honorant son mantra chargé d’espoir:

« Don’t come around no

Don’t come around no more

I have closed this door

I am finally stronger

Than I’ve ever been before

You won’t be holding me back anymore »

– Don’t come around

Tout au long de l’album plane un son aérien qui enrobe et qui est imprégné de réverbération. Cette volonté de s’élever et de planer dans les airs est présente jusque dans la réalisation. S’exprimant à la fois en français et en anglais, Malika Tirolien est aussi douée pour les envolées vocales spectaculaires que pour rapper librement ses textes gorgés d’émotions.

Transformant la colère en lumière, HIGHER peut littéralement avoir un effet thérapeutique sur son auditoire. Un vent de fraîcheur qui fait beaucoup de bien au paysage musical québécois.