Critiques

Magik Markers

2020

  • Drag City
  • 2020
  • 42 minutes
8
Le meilleur de lca

Magik Markers est de retour! Six ans après son album précédent et cinq ans après l’album solo de la meneuse Elisa Ambrogio, le trio est revenu cette année avec un minialbum en juillet et cet album complet en octobre, un album qui était en gestation depuis déjà plus de deux ans. Pour bien des groupes et musiciens, une pause de quelques années ne signifie rien d’exceptionnel; c’est généralement le signe d’obligations personnelles et professionnelles qui ont fait obstacle à la création d’un nouvel album. Mais dans le cas de Magik Markers, qui ont été surhumainement prolifiques entre 2004 et 2010, une simple pause de plus six mois amène à penser que le trio a tout simplement cessé d’exister.

Pendant leur période d’activité maniaque, Magik Markers se permettaient d’essayer toutes sortes d’idées, pas forcément toutes très bonnes, mais toutes traversées par un fil conducteur de grande liberté, d’inventivité et de simplicité volontaire. Malgré cette variété, il y a une forme que le groupe n’avait encore jamais adoptée, et c’était celle d’une formation calme, plus mature, moins pressée. Il aurait été difficile d’imaginer il y a 12 ans ce que le calme et la sagesse apporteraient à Magik Markers, mais 2020 nous montre ce que ça donne, et ça leur va à merveille.

L’album commence du bon pied avec Surf’s Up, une longue pièce boueuse qui donne le ton pour ce qui va suivre : pas besoin d’être pressés, la bande à Ambrogio s’occupe de tout, même quand tout a l’air de menacer de s’effondrer. La pièce suivante, Find Your Ride, inverse la dynamique en étant propulsée par une rythmique d’une vigueur soutenue. 

Ce jeu de contraste se poursuit d’une pièce à l’autre pendant tout l’album, zigzaguant du twee au punk en passant par les mares de bruit (Hymn for 2020) et l’escalade d’une montagne psychédélique (la fascinante CDROM et son texte parlant d’un intense trip de champignons et d’une carte du ciel reçue d’une cousine sur CDROM). Le seul moment où l’on trouve le temps un peu long est l’interminable stoner rock de That Dream (Shitty Beach). Ce n’est peut-être pas une coïncidence que ce soit la seule pièce qui n’est pas chantée et menée par Ambrogio.

L’album 2020 est finalement un peu comme une distillation des compétences de Magik Markers, comme s’ils nous offraient un best of d’une partie de leur carrière qui nous avait été cachée. Ça me fait aisément accepter que la formation de la Nouvelle-Angleterre redevienne silencieuse par la suite si elle le désire, la modération lui va bien. Quoique je prendrai volontiers un retour à la surabondance aussi, et ce sera peut-être le cas étant donné les deux minialbums (!!) qui ont déjà été lancés depuis la sortie de 2020 le 23 octobre.

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