Madonna
Madame X
- Interscope Records
- 2019
- 55 minutes
Sur ce quatorzième album en carrière, Madonna a encore une fois été dans une direction et des sonorités inédites dans sa discographie. Elle s’est tournée vers la musique latine, le trap et la pop de ses contemporains. C’est aussi vrai dans les paroles qui sont tournées vers des thématiques contemporaines. Des thématiques qu’elle a cependant déjà abordées lorsqu’elle était plus jeune et audacieuse. On retrouve en quelque sorte la Madonna qu’on connaît avec un nouveau costume.
D’ailleurs, la notion de déguisement est d’autant plus présente que la thématique générale de Madame X est un alter ego espion tiré d’une pièce du même titre par le français Alexandre Bisson. Celle-ci raconte l’histoire d’une femme punie pour avoir manqué à son devoir de mère. C’est une pièce de 1908 avec ce qui vient de contexte social différent. Mais cette référence reste très peu abordée dans les chansons de Madonna.
Medellín, le premier extrait paru démontrait bien la nouvelle direction que Madonna prenait sur cet album. On retrouve le même genre sonore sur Future sur laquelle collabore Quavo de Migos. Du point de vue du rajeunissement, l’Américaine a visiblement mis les bouchées doubles pour se rapprocher de ce qui fonctionne pour le moment à la radio commerciale et sur Spotify. C’est exécuté avec aplomb et talent, puisque Madonna est habituée et peut se permettre les meilleures conditions de production. Par contre, pour l’originalité ou une réelle frappe artistique, on repassera.
Madonna fait appel à des procédés qu’on retrouve beaucoup sur le marché de la musique en ce moment comme l’Auto-Tune et le Vocoder. Parfois, c’est plutôt réussi comme sur Come Alive, mais parfois, c’est un peu grotesque comme sur God Control. Madonna chante si bien qu’on se demande, mais pourquoi passer ses filtres sur sa voix comme on le voit sur la mièvre I Rise qui clôt Madame X.
La superstar est toujours aussi bonne pour lancer des mélodies efficaces qui restent prises dans les neurones de façon assez soutenue. Par contre, ce Madame X manque d’originalité. On a l’impression que c’est la femme d’affaires qui a vu le succès des nouvelles vedettes latines et qui a voulu entrer dans la danse. Le problème, c’est que rapidement, on se lasse de ce calypso trop prévisible.