M.I.A.
Matangi
- Interscope Records
- 2013
- 57 minutes
Plus que son prénom d’artiste, Matangi est aussi la déesse hindoue de la musique et de l’apprentissage. Voilà que pour son quatrième album studio, l’autre Matangi a décidé de rendre hommage à la divinité. Avons-nous droit à une élévation spirituelle ou à une descente aux enfers? Sans être au paradis, disons que nous flottons un peu au-dessus de la terre. En rendant hommage à cette déesse, M.I.A a laissé énormément de place à la musique sur sa nouvelle galette. Toute l’expérience sonore est délicatement fignolée. Par contre, l’ensemble passe du coq à l’âne assez souvent. Peut-être est-ce en partie tributaire du fait qu’elle ait enregistré dans trois villes différentes?
Même si on a l’impression qu’elle se lance de tout bord tout côté, n’en demeure pas moins que la jeune Sri Lankaise d’origine détient un immense talent et cela la sauve du naufrage très souvent. On a le droit à des échantillonnages intelligents et diversifiés sur Warriors qui, malgré leurs éclectismes respectifs, finissent par trouver une cohésion étrange. On a droit aussi à l’excellente Bad Girls qu’elle avait fait paraître en janvier 2012.
Dans la catégorie des bons coups, citons les deux pièces aux saveurs pop composées en compagnie de The Weeknd: Exodus et Sexodus. On peut aussi y placer Y.A.L.A qui est une réponse ironique et puissante au YOLO de Drake. Après avoir vanté les vertus des soirées sans lendemain, la jeune femme y va d’une sortie qui a de la gueule:
«YOLO? I don’t even know anymore, what that even mean though
If you only live once why we keep doing the same shit
Back home where I come from we keep being born again and again and again
That’s why they invented karma»
Par contre, Bring The Noize sonne comme un mauvais pastiche de Die Antwoord… et s’en est presque gênant. D’ailleurs la diversité de la galette tient un peu aux différentes inspirations que M.I.A infuse sur son nouvel album. Par contre, elle nous avait bien avisés que ce ne serait pas un album de musique à écouter au spa et dans cette optique-là, la dame ne s’est pas égarée du but.
Bref, M.I.A est une musicienne de grand calibre qui est à contre-courant de bien des discours portés par le monde de la pop ou du rap. Par contre, ce Matangi aurait pu bénéficier d’une ligne directrice plus concrète et cohérente. Cela laisse l’auditeur régulièrement en déroute et pas nécessairement pour les bonnes raisons… mais M.I.A s’en tire très bien grâce son talent immense… sacré Matangi!
Ma note : 6.5/10
M.I.A
Matangi
Interscope Records
57 minutes