Projet, à ce jour, toujours injustement méconnu, Lune très belle mérite pourtant beaucoup d’attention. Après le plus lo-fi Ô la lune paru en 2019, la formation nous offre, en ce mois de mai, un second effort d’une grande justesse: Ovale.

Articulé autour de la compositrice, poétesse et chanteuse montréalaise Frédérique Roy, le groupe est également composé d’une brochette de gros noms de la scène indépendante de Montréal. En effet, c’est Robin Dann et Philippe Melanson (chœurs, percussions) de la formation indie pop Bernice, Samuel Gougoux (basse, synthés) de VICTIME, Corridor et Kee Avil et Simon Labbé (guitare, synthés) qui accompagnent Roy sur ce disque.

Des nappes de synthétiseurs, des guitares noyées dans la réverbération et des percussions toutes en délicatesses composent la majeure partie des instrumentations de l’album. À la voix, Roy nous transporte avec des mélodies parfois atypiques qui vont chercher du côté de l’ambient et de l’expérimental tout en gardant une sensibilité pop qui rend le tout quand même accessible. Au niveau des textes, l’écriture fait la belle part à la poésie de Roy. On découvre avec Ovale des collages de mots décrivant des moments et des sentiments vagues qui laisse la porte ouverte à l’interprétation. Il semble également, malgré la nature expérimentale du projet, se dégager une sorte de naïveté dans les compositions. Musicalement, avec une pièce comme Siffleux et lyriquement, avec des morceaux comme La Mite ou Bye bye.

j’entends une image un jeu une porte
un amour
on me dit ah c’est beau, très beau, si beau
j’embrasse mon bras dans le bain
c’est doux comme l’oreille d’une vache
ou une talle de cils

– Bye bye

Il ressort de cet album un sentiment très positif. Pour peu qu’on s’attarde aux textes et qu’on soit dans les bonnes dispositions pour apprécier l’accompagnement parfois exigeant, on ne pourra qu’être enveloppé dans le cocon que Lune très belle semble vouloir nous construire. Une démarche qui laissera certaines personnes sur le côté de la route, mais qui a le mérite d’être originale et audacieuse.

Bref, à mi-chemin entre expérimental et pop, aussi savamment composé que drôlement improvisé, et mettant de l’avant des textes qui oscillent entre les images enfantines et les moments de contemplation, Ovale est un excellent second album pour la formation qui laisse présager le meilleur pour la suite. À ne pas mettre entre toutes les mains, mais pour peu qu’on apprécie les démarches conceptuelles et la poésie, on passera un bon moment.