Critiques

Low + Alan Sparhawk

Double Negative

  • Sub Pop Records
  • 2018
  • 48 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Alan Sparhawk, Mimi Parker et Steve Garrington sont les maîtres du slowcore depuis 25 ans déjà. Le trio n’a accumulé que très peu de ratages dans sa discographie. Bref, la carrière de Low est tout simplement exemplaire. En 2015, le groupe nous proposait Ones and Sixes; disque moins accessible et qui laissait présager la suite des choses… Deux ans auparavant, la formation nous avait offert The Invisible Way; album réalisé par le bon Jeff Tweedy (Wilco).

La semaine dernière, Low était de retour avec un 12e album en carrière intitulé Double Negative. Enregistré dans le studio maison de Justin Vernon (Bon Iver) et produit par celui-là même qui avait réalisé le précédent effort du groupe, B.J. Burton (James Blake, The Tallest Man on Earth, etc.), cette création n’est rien de moins que le Kid A (Radiohead) ou le 22, A Million (Bon Iver) de Low. Après tant d’années à offrir une musique, somme toute, assez inventive, la prise de risque est admirable et réussie.

Au moyen de voix souvent inaudibles et « distorsionnées », de mélodies magnifiquement déformées et de rythmes électros fracturés (comme si le groupe jouait à des kilomètres de nos conduits auditifs), l’exploit de ce grand disque réside dans cette capacité à exprimer, majoritairement par la musique, le mal-être grandissant de notre époque. De prime abord insaisissable, l’intention artistique se révèle au fil des écoutes : la difficulté progressive pour les gens sensés, équilibrés et empathiques de se faire entendre dans tout ce magma de paroles mensongères et radicales qui constituent la nouvelle norme de notre époque.

L’album s’épanouit subtilement grâce à un lent crescendo qui se construit de chanson en chanson. Les voix, la musique et les mélodies se révèlent au fur à mesure que l’on plonge dans ce Double Negative qui, disons-le, est difficile d’approche aux premières écoutes.

Côté textes, l’économie de mots, d’une parfaite lucidité, est bien sûr de mise. Cette clairvoyance rejoint parfaitement l’opinion de l’auteur de ces lignes…

« It’s not the end

It’s just the end of hope »

-Dancing and Fire

Réflexion faite, ce qui fait que ce Double Negative est un grand disque, c’est la parfaite cohérence entre l’intention et la direction artistique empruntée le tandem Low et B.J. Burton. Une création qui met parfaitement le doigt où ça fait mal (ce que personne n’ose avouer publiquement) : cet espoir d’un monde meilleur qui s’amenuise peu à peu…

Comme vous pouvez assurément vous en douter, ce disque s’écoute d’un seul trait afin d’en saisir toutes les subtilités. Quelques pièces, mélodiquement plus intelligibles, pourront peut-être vous séduire. Always Trying to Work It Out, Dancing and Fire, Poor Sucker et Rome (Always in the Dark) font partie de ce groupe, mais le potentiel « accrocheur » de ces chansons reste à prouver.

Voilà le grand disque de la carrière de Low. Une œuvre difficile, apocalyptique, inspirée par le chaos ambiant et à venir, mais ô combien nécessaire. Ô combien nécessaire !

 

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