Ça se passe bien en 2025 pour Lou-Adriane Cassidy. Elle a lancé l’acclamé Journal d’un loup-garou qui a mené aussi vers une série de spectacles, dont deux au Théâtre Beanfield à Montréal. Déjà, elle pouvait se dire : mission accomplie. Ajoutez à cela une scène principale des Francos de Montréal le 14 juin, une entrevue à Tout le monde en parle… ça va bien, comme on dit. Mais ce n’était pas suffisant pour Cassidy, qui s’est dit : pourquoi ne pas lancer un autre record cette année!

Bon, la réalité est un peu différente de ça. De son propre aveu, elle a expliqué qu’à la fin du travail minutieux pour accoucher de Journal d’un loup-garou, elle avait besoin de liberté. Sur ce dernier album, un travail d’orfèvre a été fait sur les arrangements, tout a été réfléchi au millimètre près. Triste animal reconnecte avec une proposition plus spontanée à l’image de Lou-Adriane Cassidy en concert. Pour retrouver cette énergie, elle a été au plus simple : enregistrer en direct sur ruban magnétique en quatre jours en studio avec ses musiciens Alexandre Martel, Thierry Larose, Vincent Gagnon, PE Beaudoin et ses choristes Odile Marmet-Rochefort, Ariane Roy et Lysandre Ménard. Pas de fla-flas, pas de reprises, pas de corrections, juste de la musique dans son plus simple appareil.

C’est peut-être ce qui frappe le plus. Malgré cette simplicité volontaire, il y a tout de même un constat assez clair : Lou-Adriane Cassidy est plus solide que jamais dans sa proposition. L’album s’ouvre sur J’ai l’habitude, une pièce qui évoque les thèmes de son dernier album :

Un pied dans la pantoufle de vair
Et l’autre sur le verre brisé
Je pleure dans ma tour
Un coeur de velour
Qui se froisse avant de s’ouvrir une dernière fois
— J’ai l’habitude

Par contre, au niveau musical, on est ailleurs. Lou-Adriane Cassidy sonne même un peu comme Salomé Leclerc dans certains passages de la pièce. C’est mélodieux, convaincant et un point de départ réussit pour ce deuxième record de 2025. On retrouve aussi une pièce qu’on a entendue au cours de la série de concerts en février : Adieu. Seule pièce où il y a un ajout : le solo de guitare parce qu’il manquait quelqu’un en studio. La pièce qui a des petits airs de Joe Dassin est plutôt efficace aussi.

Les textes ont été signés par Lou-Adriane Cassidy et Alexandre Martel à l’exception de deux pièces qui ont été écrites par Stéphane Lafleur. On le reconnait derrière les mots de Tout le monde danse autour alors qu’un personnage est le seul triste au travers de gens qui festoient. Sa deuxième collaboration, On n’arrête pas est dans une tout autre ambiance, alors que ça avance à cent km/h. C’est entraînant et c’est le genre de pièces qu’on voit déjà mettre le feu aux planchers de danses des concerts des prochains mois.

L’éclectisme est au rendez-vous sur Triste animal. Une petite bossa-nova nous prend avec Jamais tout à fait alors que Gardiens des fous est une balade sombre aux claviers (je pense que c’est un mellotron, ça pourrait aussi être un orgue Hammond, mais ça sonne bien.)

Remplie de souvenirs tendres
Je vais
Continuer de voler plus haut que les hirondelles
Haut, haut
— Les hirondelles

C’est une belle proposition que fait Lou-Adriane Cassidy avec Triste animal qui met en valeur à quel point, elle est une artiste solidement ancrée. On la sent forte et ça donne des résultats très convainvants. Triste animal est bon d’un bout à l’autre. Ça n’est pas la haute voltige de Journal d’un loup-garou, mais c’est tout de même très bon.