Critiques

Lila dit ça

Ruelle Palace

  • Indépendant
  • 2013
  • 44 minutes
7

a3745862612_10Le sextuor rock montréalais Lila dit ça lançait la semaine dernière son premier album titré Ruelle Palace. Assemblée autour de l’auteur-compositeur-interprète Frédéric Christian (guitare, voix), la formation est complétée par Maxime Potvin (claviers), François-Régis Pagé (batterie), Philippe Chayer (basse), Francis Ladouceur (voix, percussions) et Christian Gagnon (guitare). Né des cendres du groupe Go Sumo et principalement du désir de créer du rock en français, Lila dit ça évoque parfois l’univers musical de Malajube, la désinvolture littéraire d’un Jimmy Hunt, le rock psychédélique issu des sixties; l’ensemble judicieusement colligé dans une facture pop assumée.

Enregistré au Studio Victor, mixé par l’incontournable Pierre Girard (Malajube, Fred Fortin, Mara Tremblay), ce Ruelle Palace paraît quatre années après un premier maxi homonyme bien reçu par les critiques. Que nous réserve, cette première offrande officielle de Lila dit ça? Nous ne tergiverserons pas bien bien longtemps. Voilà un effort initial fort satisfaisant de la part de Lila dit ça.

Ce qui constitue la force de ce disque est sans contredit l’indéniable talent de compositeur de Frédéric Christian, de même que les compétences littéraires irréfutables qui viennent bonifier ces ritournelles d’apparences élémentaires, mais qui s’incrustent sournoisement dans notre cortex cérébral au fil des écoutes. Sans l’ombre d’un doute, Christian sait confectionner de bonnes chansons.

Même si la signature sonore souffre parfois d’une anémie identitaire (des ressemblances trop évidentes avec les pointures énumérées antérieurement) et que la réalisation manque un peu de puissance, la qualité d’écriture chansonnière compense largement ces petits bémols. Une création qui ne contient pratiquement aucun moment monotone.

Parmi les ritournelles de prédilection offrant d’excellents moments, nous avons noté l’excellente Le Général dans laquelle l’auteur « pisse du sirop d’érable dans le froid et la solitude », le crescendo narcotique dans Tokyo Man, la progression d’accord mélancolique dans Aura Cinematica, la prestation vocale écorchée dans La Venteuse, la punk sixties, faisant penser beaucoup plus à Ty Segall que Malajube, intitulée Frontenac (on a vraiment apprécié!) de même que la pop-rock opérante Tennessee.

À quelques occasions, nous avons eu l’impression que Lila dit ça aurait eu intérêt à brouiller un peu plus les pistes, à être mélodiquement plus aventureux, musicalement plus criard et abrasif, afin de se distinguer significativement de ses semblables; mais qu’à cela ne tienne les chansons concoctées tiennent solidement la route et l’exécution est absolument irréprochable. Ruelle Palace est une conception sonore qui se fertilise au fil des auditions, ce qui constitue toujours un gage de qualité incontestable. Bien franchement, une galette fort comestible!

Ma note : 7/10

Lila dit ça
Ruelle Palace
Indépendant
44 minutes

lila-dit-ca.bandcamp.com