Critiques

Liam Gallagher

C’MON YOU KNOW

  • Warner Bros. Records
  • 2022
  • 52 minutes
6,5

Depuis plus de trente ans, la guéguerre qui oppose les frères Liam et Noel Gallagher fait régulièrement les manchettes des tabloïds britanniques. Si l’admirateur pur et dur d’Oasis souhaite l’avènement d’un cessez-le-feu entre les frérots, afin que le groupe reprenne du service, ne soyez pas dupes, ces échanges acrimonieux contribuent à ce que Liam et Noel demeurent bien présents dans l’actualité musicale. Même s’ils ne peuvent se blairer l’un et l’autre, cette éternelle querelle a son utilité…

Cela dit, les Gallagher poursuivent en parallèle des carrières solos plus ou moins convaincantes, surtout en ce qui concerne l’aîné de la famille. Les albums du Noel Gallagher’s High Flying Birds, véhicule créatif du Mancunien d’origine, n’ont jamais réussi à convaincre la planète rock, malgré l’indéniable talent compositionnel qui habite Noel. Pour sa part, Liam a étonnamment gagné le respect de plusieurs que ce soit avec la formation Beady Eye ou avec l’album As You Were (2017). Malgré tout, l’auteur de ces lignes avait noté un pas de recul significatif sur Why Me? Why Not (2019) qui ne contenait qu’une poignée de chansons valables.

L’excellent chanteur-mélodiste est de retour avec un nouveau long format intitulé C’MON YOU KNOW. Pour ce nouvel album, Liam a fait appel aux services du réalisateur pop Greg Kurstin, à Andrew Whyatt, qui avait œuvré sur As You Were, et à nul autre que Dave Grohl qui a écrit et composé la pièce-titre de l’album, en plus d’officier à la batterie sur Everything’s Electric.

C’MON YOU KNOW est une création éclectique sur laquelle Liam tente d’élargir sa palette sonore. Sur les précédentes productions, le Britannique demeurait sagement campé dans l’univers pop-rock d’Oasis tout en prenant bien soin de souiller correctement ses chansons. Cette fois-ci, c’est la variété stylistique qui caractérise ce nouvel album (chœurs d’enfants, passage dub, orchestrations somptueuses, rythmes synthétiques, etc.). Évidemment, les fans d’Oasis y trouveront leur compte, car les sempiternelles influences du Fab Four sont toujours aussi présentes.

Et Liam semble être dans un excellent état d’esprit. Tout au long de ce C’MON YOU KNOW, même si le parolier ne remportera jamais le Prix Nobel de la littérature, il tente d’insuffler un message d’unité et de solidarité à ses fans, surtout après ces années pandémiques difficiles. La ballade « lennonienne » Too Good For Giving Up, entre autres, exprime de manière sincère cette envie de célébrer l’existence à fond :

Take a step, watch the ground

Rise to meet your feet somehow

When all that you are just ain’t enough

The universe will provide

A guiding hand, a crack of light

You’re too good for giving up

-Too Good For Giving Up

Or, malgré les bonnes idées qui pointent de temps à autre, ce long format manque de cohésion comme si Liam cherchait à nous présenter une sorte de collage de tout ce qu’il affectionne musicalement. Better Days et Too Good For Giving Up sont des hommages beatlesques assez réussis. À l’écoute de la pièce-titre et de Don’t Go Halfway, on soupçonne fortement le chanteur d’être un fervent de Sprititualized et de Primal Scream.

Mais quand Liam nous escorte dans les méandres du pop-rock des années 70 (Oh Sweet Children) ou quand il explore gauchement la pop baroque des années 60 (It Was Not Meant To Be) ou encore quand ses amis-réalisateurs lui suggèrent d’incorporer du mélodica dans une chanson rock-reggae (I’m Free), le décrochage est bien en vue… et il se concrétise à l’écoute de Moscow Rules, une pièce aux antipodes du rock de prolétaire que nous a toujours offert Liam. Néanmoins, le quasi cinquantenaire nous satisfait pleinement avec les refrains-matraques qui caractérisent Everything’s Electric et Diamond In The Dark.

Avec C’MON YOU KNOW, Liam Gallagher cherche à s’extirper de sa cage créative, même si par moments, c’est plus ou moins persuasif. De toute façon, qui aurait parié sur le fait que Liam ferait un jour la barbe à son frère, créativement parlant ? Ne serait-ce que pour cette seule et unique raison, l’homme mérite notre respect.

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