Critiques

LEYA

Flood Dream

  • NNA Tapes
  • 2020
  • 37 minutes
7,5

Le duo brooklynois LEYA ne sera jamais confondu avec un projet pop ou grand public. Il possède en fait bien des atouts qui en feront un projet musical intimidant à bien des oreilles, mais fascinant pour les mélomanes aventureux.

Ce projet unit la harpiste Marilu Donovan et le violoniste et chanteur Adam Markiewicz, qui explorent la frontière entre la musique de chambre, l’avant-garde minimaliste et l’attitude punk/post-punk. Par leur formation classique, les deux musiciens ont évolué dans un monde de conventions et d’antécédents historiques, mais une volonté d’enfreindre les règles est venue brouiller les cartes et les pousser vers l’exploration de modes d’expression un peu plus crus et à fleur de peau.

LEYA se situe dans une petite constellation d’artistes et musiciens new-yorkais qui explorent les marges et qui repoussent les limites. En plus du groupe The Dreebs dans lequel Markiewicz explore une palette expérimentale assez variée, le duo a contribué au collectif PC Worship et a collaboré avec de nombreux musiciens, danseurs et multiartistes, notamment Eartheater et Brooke Candy. Entre ces projets créatifs variés, le duo a trouvé un créneau un peu étroit, mais fascinant, qu’il explore dans le projet LEYA.

Donovan accorde sa harpe en gammes microtonales (une approche qui a la cote en cette ère de mise à mort de la mélodie), et Markiewicz l’accompagne d’envolées vocales et violonistiques solennelles et dramatiques. La voix de Markiewicz est magnifiquement androgyne, le plaçant à proximité de celle de Haley Fohr. Le résultat est à la fois harmonieux et fermement planté hors des sentiers battus. 

Le duo obéit à une muse grandement efficace, mais un brin tyrannique. La vision est si précise et étroite que la forme est scrupuleusement respectée même par les musiciens invités. On l’entend particulièrement dans la pièce MARIAH, où une flûte traversière et une contrebasse s’immiscent sans trop se faire remarquer et sans imposer une personnalité qui pourrait distraire. L’envers de la médaille est l’uniformité de ce qui est offert sur Flood Dream. Aucune pièce n’est très différente des autres et le ton reste le même d’un bout à l’autre.

Heureusement, l’album ne s’étire pas en longueur, et de toute façon LEYA a trouvé un filon assez riche pour qu’un peu de répétitivité ne soit pas un vilain défaut. En tant qu’auditeur, on a parfois simplement besoin d’une idée simple, mais originale et bien et bien interprétée, et c’est amplement le cas ici.

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