Critiques

Les Hôtesses d'Hilaire

Pas l’temps de niaiser

  • Duprince
  • 2022
  • 37 minutes
7,5

Même si le groupe prend tout son sens sur scène, c’est toujours un plaisir d’accueillir de nouveau Les Hôtesses d’Hilaire sur disque. Après avoir tout cassé avec leur précédent opus l’opéra rock Viens avec moi, ils signent maintenant le très bien titré Pas l’temps de niaiser qui se veut une sorte d’affirmation de l’identité du groupe. On sent que, malgré le temps qui passe, les rockeurs ne sont pas près d’accrocher leurs patins et, en cette période où tout semble lourd, ça fait du bien.

L’ironie et le son « classic rock » qui caractérise le groupe est palpable dès les premières notes de Washed up rock band, la première pièce.

On est les Hôtesses d’Hilaire,

On aime la vitesse pis la bière,

On est un washed up rock band

– Washed up rock band

Trois lignes et on retrouve les Hôtesses dans toute leur splendeur avec cette ouverture qui va clairement devenir un incontournable de leur setlist en spectacle. Accrocheuse et propice au « headbanging » ce morceau qui pourrait être « l’art poétique » du groupe et met la table pour tout le reste de la galette. S’ensuit une suite de morceaux mélangeant les tons comme on mélange un bon drink. On peut penser à Inconfortable qui sous le couvert de blagues sur les mamelons poilus de son narrateur comporte un discours sur l’inégalité et l’hypersexualisation ou encore à Mémère qui derrière son histoire improbable comporte une touche de drame.

Au niveau du son, ce nouvel album est dans la lignée des dernières sorties du groupe. Les guitares, les claviers et la basse sonnent comme une tonne de brique et accompagnent à merveille les textes et la voix de Serge Brideau. À la réalisation, Pierre-Guy Blanchard est fidèle à lui-même et fait ressortir le meilleur du quintette. Cela est d’autant plus perceptible qu’on sent ici les musiciens plus à l’aise que jamais. Les harmonies vocales sont beaucoup plus travaillées et l’énergie du groupe est plus que palpable. Avec des pièces comme Canoë Camping qui lorgnent du côté du thrash metal et qui côtoie un morceau comme Hilaire à Joe Brideau, avec sa mélodie mélancolique et envoûtante, Les Hôtesses d’Hilaire explorent tout le spectre de leur son. Sur cette dernière chanson, d’ailleurs, Brideau et sa bande sont particulièrement touchants. Hommage au fameux Hilaire, muse du groupe et père du chanteur, la pièce se conclut sur un Serge Brideau qui s’adresse à celui-ci de manière très sentie.

Bref, ce nouveau disque des Hôtesses d’Hilaire a tout pour plaire aux nombreux fans que le groupe a acquis au long de ses multiples tournées. Moins riche conceptuellement que leur précédent, mais tout aussi efficace mélodiquement, Pas l’temps de niaiser est le produit d’un groupe qui, bien qu’il n’ait plus rien à prouver, sent le devoir de continuer d’évoluer et d’offrir de la nouveauté à son public. Tout ça, évidemment, sans se dénaturer. Que demander de plus?

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