Léonie Pernet
Crave
- CryBaby / Infiné Musique
- 2018
- 49 minutes
La musique de Léonie Pernet est à son image, inclassable, métissée, farouche, mélodieuse et complètement envoutante. Cette jeune compositrice française aime bien la marginalité et ça paraît sur Crave, son premier album. Celle qui a organisé les soirées CORPS vs Machine, des soirées techno-queer-primitives, semble n’avoir que faire des chemins convenus. Ceci ne veut pas dire pour autant qu’elle rejette tout ce qui s’y trouve.
Ainsi sur Crave, on retrouve des chansons en anglais, en français et en arabe. Tout se mélange aisément porté par les brillantes compositions de la jeune femme. Léonie Pernet joue beaucoup sur les répétitions qui sont traitées à travers des filtres et ça fait toujours mouche. Elle frappe en plein cœur de la cible avec une régularité gênante.
Ses métissages musicaux sont particulièrement marquants. D’un côté, Rotten Tree avec sa guitare distorsionné mélangée à une bonne basse et des claviers aériens donnent un résultat des plus satisfaisants pour les oreilles. D’un autre côté, African Melancholia mélange des voix qui rappellent l’époque nü-métal de Marilyn Manson avec une composition minimaliste qui prend de l’ampleur lorsque Pernet y rajoute des envolées légères et mélodieuses.
Butterfly de son côté arrive avec une base de pop-rock plus standard sur laquelle les boucles de voix sont tout simplement magnifiques. C’est entraînant, toujours au bord de la mélancolie et plongé dans une atmosphère onirique. D’ailleurs, tout ce Crave possède une impression de flottement dans un rêve. C’est comme si on était plongé dans un univers qui ressemble à la réalité, mais qui est légèrement décalé.
La magnifique Auaati sur laquelle Hanaa Ouassim chante est poignante. Son chant viscéral et enraciné dans la mélodie est accompagné de percussions africaines et de claviers contemporains. Last Track arrive avec une batterie bien active qui éventuellement laisse le centre de l’espace sonore au piano qui vient avec une fatalité non négligeable. Notons aussi qu’il s’agit de l’avant-dernière chanson de l’album. Ça vous donne un peu une idée de la légèreté et l’humour qui habite tout de même Crave.
Un premier album tout à fait réussi et marquant pour Léonie Pernet. C’est une jeune femme à découvrir si vous aimez l’électro chanté, l’indie-rock marginal et les compositions qui sortent des sentiers battus.