Laura Niquay
Waska Matisiwin
- Musique Nomade
- 2021
- 40 minutes
Laura Niquay fleurit en même temps que les pommiers ce printemps avec Waska Matisiwin, son deuxième album. Le chemin parcouru depuis Waratanak en 2018 est impressionnant. Niquay arrive avec une confiance renouvelée. On la sent en pleine possession de ses moyens. De plus, son projet artistique dans son ensemble se bonifie en créant un pont entre l’indie-folk-rock et la culture atikamekw.
Si elle chantait en anglais, est-ce que Laura Niquay obtiendrait le même rayonnement que Half Moon Run? Certainement. Waska Matisiwin se décline en deux grandes parties, l’une plutôt folk-rock qui serait passablement efficace dans une soirée d’Osheaga alors que la seconde est plus intime et frappe fort avec de solides ritournelles. En alternant entre ces deux univers, Niquay nous offre un album bien équilibré qui s’impose de lui-même.
Ce qui est vraiment intéressant dans la première moitié d’album c’est que Laura Niquay nous montre à quel point elle sait écrire des chansons rassembleuses qui donnent envie de chanter à tue-tête au milieu d’une foule. Elle se compare avantageusement à certains de ses contemporains comme The Lumineers. Eki Petaman en est peut-être le meilleur exemple. Son refrain est entraînant et l’entrée en scène de chant autochtone donne une couleur rafraîchissante à ces compositions. Même son de cloche de Moteskano qui est déjà taillée sur mesure pour être chantée devant des foules. Ce qui fait la force de Waska Matisiwin est le talent de Niquay pour la mélodie. Kinoce Ickwecic est un bel exemple. Elle nous emporte sans effort avec elle.
Nicto Kicko, le premier simple lancé en amont de la sortie, est certainement le représentant de ce côté plus intime chez Laura Niquay. C’est aussi doux que terriblement efficace. Sa voix légèrement éraillée est à l’honneur et caresse nos oreilles alors que l’interprétation est un sans faute. Même sans connaître un traitre mot d’atikamekw, vous risquez de vous surprendre à la chanter à toute heure de la journée. Nitcanic est aussi très belle avec ses quelques chœurs et sa guitare qui livre en simplicité une bonne pièce.
Seule surprise de l’album : Otakocik qui ressemble surprenamment à Another Lonely Day de Ben Harper. Voulue ou pas, la ressemblance est frappante. C’est le seul petit écueil dans la traversée franchement réussie de Waska Matisiwin. On y trouve aussi un duo convaincant avec Shauit : Nicim.
C’est un deuxième album franchement solide pour Laura Niquay. On peut s’attendre à de très belles choses pour l’autrice-compositrice-interprète originaire de Wemotaci. Waska Matisiwin mérite votre attention si vous aimez le folk-rock-pop de qualité.