Quand on parle de la pop punk, on pense immédiatement à ces fameux groupes américains qui ont façonné des générations désabusées de jeunes, en quête d’identité et de réponses à leurs angoisses. Vite de même, je pense à Fall Out Boy, Green Day, Blink-182, même les Good Charlotte et autres Mayday Parade ; bref, il y en a pour les goûts. Pourtant, ici, on parle de groupes américains. Mais alors… la pop-punk, est-ce que ça pogne ailleurs aussi? Le groupe La Flemme saura répondre à votre question. Basés en France, plus précisément à Marseille, Jules Massa, Charles Priem, Stella Lopez et Ronnie Marciano balancent entre les sonorités rock et punk, le tout dans un format classique, mais résolument francophone. Après la parution de leur premier EP, homonyme, voici donc La Fête, leur tout premier album, qui agit comme une carte de visite pour leur univers artistique. Pour un nouveau groupe, le premier projet est toujours celui qui est le plus éprouvant, car il faut non seulement marquer les esprits, mais aussi savoir faire preuve de créativité et d’énergie. Alors, qu’est-ce que ça vaut, La Fête?

La chanson-titre, La Fête, lance le festival avec une guitare résolument pop punk et… un harmonica! C’est bizarre, même si nous avons affaire à un groupe français, cette entrée en matière me rappelle quand même l’atmosphère enflammée du Québec. Je me comprends, et dans tous les cas, ça m’intrigue pour la suite. Avec Oiseau, on tombe dans une ère de modernité, avec de la pop punk abrasive et appropriée à l’époque actuelle. Ça passe bien comme une lettre à la poste, et on se rend compte que, même si La Flemme est encore un groupe très nouveau, ils connaissent leur son et savent comment l’utiliser à bon escient. Sur Laissez-Moi Tranquille, les voix se perdent un peu dans le mix, mais j’aime grandement les interludes avec les chœurs féminins. Ça rajoute quelque chose de mystique et d’insaisissable. Plus tard, sur Marre de Vous la même rengaine reprend : « J’en ai vraiment marre de vous », pouvons-nous entendre comme une imploration avant que ne se lance un rythme lancinant avec des guitares distordues. Ça crée un relief intéressant et ça nous propose un effet. Sur Mer Azur, on est totalement ailleurs, sur un truc rock lent et contemplatif avant de tomber dans des guitares saturées à fond la caisse. C’est si efficace qu’une fois le morceau terminé, on se surprend de la rapidité avec laquelle le temps est passé.

Je parlais de la pop-punk et de ses groupes les plus connus plus haut. Eh bien, avec Le Petit du Camas, vous serez plus que servis : c’est entraînant, c’est LE FUN, tout simplement. Le morceau Demain se situe également dans cette lignée, avec cette approche enjouée. Pourtant, au-delà de la formule pop-punk classique, La Flemme nous réserve aussi d’autres surprises : Tunnel, d’une durée de six minutes, nous transporte dans une odyssée de sonorités rock et atmosphériques. Ici, l’absence de parole renforce notre isolement face à l’assaut des instruments. En fait, on a l’impression de flotter, et ça, ça veut dire que le groupe a bien fait son travail.

Un peu comme sur la critique de Vivresse que j’avais faite il y a quelques mois, c’est un album qui maîtrise son genre, sans vraiment surprendre au-delà de ces bonnes propositions, mais qui reste bien construit et est, surtout, très cohérent. Ce n’est pas un album qui réinvente la roue, mais il s’avère qu’il est néanmoins une contribution respectable et appréciable au genre de la pop-punk et du rock en général. Serions-nous face à une certaine renaissance du rock moderne à la française? On a eu Feu! Chatterton il y a quelques années et on a aussi eu Gojira à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris (même si bon, ça, c’était du métal). Même si La Flemme n’est pas un groupe très connu, peut-être saura-t-il surprendre un plus large public! Avec La Fête, c’est déjà bien parti.