Critiques

King Krule

Man Alive!

  • Matador Records / True Panther Sounds / XL Recordings
  • 2020
  • 42 minutes
7,5

Archy Marshall, l’homme derrière le pseudonyme King Krule, est de retour avec un quatrième album, Man Alive! L’Anglais nous a habitués à des créations de qualités qui sont ancrées dans la marge et qui sont doublées d’une vision plutôt sombre de la vie.

Man Alive!, comme les autres albums de King Krule, n’est pas un coup de cœur instantané. Ça prend du temps, de l’écoute et un peu d’espace pour laisser reposer les mélodies atypiques du jeune anglais. Quand on prend le temps de dédier un peu de notre attention à l’artiste, on s’en trouve toujours gagnant.

Man Alive! est un album qui aborde encore une fois les recoins sombres de la vie en société et trouve un moyen de la traduire en perle poétique. À ce titre, la puissante Stoned Again frappe dans le mile avec ses puissantes salves et son texte qui raconte le manque selon le point de vue d’un toxicomane adolescent. D’ailleurs, les pièces plutôt dynamiques sont toutes réussies sur Man Alive! On peut penser à Cellular ou encore à Supermarché qui complètent le trio de chansons qui ouvre l’album.

Le côté plus jazzé de King Krule émerge à plusieurs occasions sur l’album. Notamment dans Airport Antenatal Airplane qui, malgré l’utilisation de machines, trouve le moyen de conserver le côté feutré du jazz, celui qu’on écoute à la lueur de la chandelle. On ne se retrouve parfois pas très loin de ce que fait Bohren and der Club of Gore.

N’en demeure pas moins que King Krule a toujours eu un don pour les ambiances qui sont d’une noirceur lourde et opaque. Ce n’est pas différent cette fois-ci. Le premier simple à voir le jour est un bon exemple. (Don’t Let the Dragon) Draag On fait le lien entre le sentiment de déprime qui contamine l’esprit entre quatre murs et la peur du monde extérieur, lè où parfois des monstres font la loi. Ça fonctionne vraiment bien. On peut affirmer la même chose au sujet de Perfecto Miserable qui traduit simplement le sentiment de rejet et de désespoir qui accompagne une rupture amoureuse.

Le plus grand défaut de l’album, c’est qu’on sent que King Krule est en train d’opérer une transition dans ses compositions. Comme s’il cherchait moins la marge pour laisser un peu plus de place à la mélodie forte. On a l’impression que c’est parfois réussi, mais aussi qu’il ne va pas au bout de ses idées. Alone, Omen 3 est bon exemple, alors qu’il refuse de laisser trop de place à sa mélodie franchement efficace.

C’est encore une fois un album fort intéressant que nous livre King Krule. On est peut-être une petite coche en dessous de The Ooz, mais ce n’est pas très loin. Un album qui vaut le détour en ce début d’année. Les heures investies vous seront rendues au fil des écoutes.