Critiques

The Juliana Hatfield Three

Whatever, My Love

  • American Landromat Records
  • 2015
  • 41 minutes
5

The Juliana Hatfield ThreeL’auteure-compositrice-interprète originaire de Boston, Massachusetts, et âgée de 47 ans, Juliana Hatfield, reforme son The Juliana Hatfield Three. Le triumvirat fait paraître un deuxième album en carrière sous cette appellation et c’est titré Whatever, My Love. Le premier, intitulé Because What You Are, avait paru en… 1993! Fait à noter, la musicienne a joué de la basse et a accompagné vocalement Evan Dando sur le classique des Lemonheads nommé It’s A Shame About Ray. Du vieux stock, il va sans dire!

Si ce que proposait The Juliana Hatfield Three dans les nineties alternait entre un power-pop inoffensif, légèrement abrasif et un folk pop «radio friendly»… eh bien, on ne peut pas dire que la formule s’est modernisée et bonifiée, tant s’en faut. Si à l’époque ce genre musical pouvait être catégorisé dans la grande famille du rock alternatif, on peut affirmer qu’en 2015, ça commence à sonner quelque peu désuet.

Pas que le songwriting soit inefficace et que les mélodies ne soient pas bien ficelées (sur cet aspect, impossible de rater son coup, puisque la dame travaille avec l’excellent Matthew Caws de Nada Surf au sein de Minor Alps), mais ce que propose The Juliana Hatfield Three sur ce Whatever, My Love est résolument ancré les années 90. Donc, une création destinée aux vieux nostalgiques quarantenaires… N’en déplaise à mes semblables, mais la nostalgie, enracinée dans un certain conservatisme, ne fait pas partie de notre mode de vie.

Le trio est clairement à son meilleur lorsqu’il rock. En mode folk-pop, on a parfois envie d’y aller d’une bonne tisane à la camomille tant les ritournelles sont convenues et ennuyantes. Parmi les meilleurs morceaux, on a eu un faible pour le riff salopé qui dynamise If Only We Were Dogs et le petit côté Neil Young & Crazy Horse évoqué sur Blame It On The Stylist.

Là où ça devient plus difficile, c’est lorsque que le groupe s’enlise dans chansons évoquant Sheryl Crow/Lisa Loeb/Semisonic. On fait référence à l’insipide Invisible, la pop-rock mièvre Now That I Have Found You, la faussement punkisante Dog On A Chain de même que la pépèrisante If I Could. Concrètement, les principaux problèmes de ce disque résident dans ce conventionnalisme dans la livraison des chansons ainsi que dans ce «manque» de réalisation; comme si le groupe s’était contenté d’exécuter ses ritournelles sans avoir reçu l’aide d’une oreille extérieure.

Ce Whatever, My Love n’est pas un ratage complet, mais après vingt-deux ans d’absence créative, on était en droit de s’attendre à un bien meilleur disque de la part du Juliana Hatfield Three. Pas de doute, la musicienne est une compositrice pop-rock hors pair et une mélodiste de haut niveau. Il aurait simplement fallu un enrobage sonore plus actuel afin de propulser ces pièces à un échelon supérieur.

Ma note: 5/10

The Juliana Hatfield Three
Whatever, My Love
American Landromat Records
41 minutes

http://www.julianahatfield.com