Probablement que la première chose qui surprend à l’écoute, ce sont les premières notes de chant de Puisqu’il faut où Jean-François Pauzé sonne comme Karl Tremblay. C’est à s’y méprendre. Au début, ça choque, surtout si vous avez été fans du groupe. Puis, on fait le lien… au final, c’est Pauzé qui écrivait la plupart des chansons des Cowboys Fringants et on ne peut lui en vouloir de continuer à composer comme ça.

Puisqu’il faut continuer, dans ce cas je vais marcher
Enfiler mes bottes et surtout bien les rattacher
Puisqu’il faut y aller, alors aussi bien avancer
Peu importe ce pourquoi je suis né
— Puisqu’il faut

À la lecture des paroles, on comprend assez vite le ton de l’album. On sent que la mort de Tremblay est le sous-texte et le fil narratif qui tient Les amours de seconde main du début à la fin. C’est parfois direct comme Ballon-sonde, la première chanson qu’il a partagée. Avec le même procédé de Lettre à Lévesque sur La grand-messe, JF Pauzé parle à son ami qui est décédé. C’est aussi vrai sur La route du nord, une pièce mélancolique :

À la croisée dе rien
Je pensе à toi
Tout seul sur le chemin
Pour la première fois
C’pas vrai qu’on r’fait sa vie
C’est d’la bullshit
On pleure pis on s’essuie
Ça continue, that’s it
— La route du nord

En plus de rendre hommage à son ami en parlant directement de lui, il le fait aussi avec quelques chansons humoristiques et légèrement vulgaires. Comme au début des Cowboys Fringants, ça parle de sexe dans des contextes drôles sur Bisous. Même chose pour la pièce-titre qui nous ramène dans l’univers des Maurice et autres piliers de bar qui vivent dans le malheur.

Bon, il y avait les roses, là, il y a le pot. Même si je comprends l’envie d’écrire rapidement sur les événements des derniers mois, pour le reste, Les amours de seconde main sonne comme un ramassis de ce qui faisait des Cowboys Fringants, les Cowboys Fringants. Les chœurs de voix un peu épique, Pierre Fortin qui bat la mesure comme pour le groupe et il y a plusieurs endroits où on a l’impression que la basse est calquée sur celle de Jérôme Dupras, surtout sur Sudbury. Le Clash, même si elle n’est pas mauvaise est la petite sœur de l’Amérique pleure. Bref, ça manque de distance. Si c’est pour faire la même chose, pourquoi ne pas simplement continuer en tant que Cowboys Fringants.

S’il y a une chose qui manque sur Les amours de seconde main, c’est du recul. C’est normal. Il n’y en a pas eu beaucoup encore. Une chose est sûre, on ne peut pas en vouloir à JF Pauzé de vouloir faire des tounes, c’est son métier et il est bon à ça. J’ai quand même hâte de voir où il va aller par la suite, parce que, pour le moment, c’est trop près de ce qui existe déjà. Mais ça confirme que JF Pauzé ne disparaîtra pas de la scène musicale et ça, c’est une très bonne nouvelle.