Critiques

Jessica Pratt

Quiet Signs

  • Mexican Summer
  • 2019
  • 29 minutes
7

C’est avec l’album On Your Own Love Again que votre humble scribe a fait connaissance avec l’artiste folk nommée Jessica Pratt. Malgré le phrasé faussement « british » que la dame arborait dans l’interprétation des chansons de ce disque, on avait quand même apprécié l’ascendant passéiste qu’elle insuffle à sa musique et son indéniable talent de compositrice. Chez elle, les influences sont manifestes : Joni Mitchell, Joan Baez, David Crosby, Nick Drake, Karen Dalton, tous de grandes pointures issues du folk des années 60-70.

La semaine dernière, elle récidivait avec son troisième album studio en carrière. Intitulée Quiet Signs, cette création s’éloigne de l’habituel son lo-fi proposé dans ses précédentes parutions. Les orchestrations sont ici réduites à leur strict minimum : une guitare acoustique sobre, un piano aérien, une flûte cotonneuse, un orgue discret, tout est disposé dans le mix afin de mettre de l’avant la voix enfantine de Jessica Pratt… ces mélodies qui invitent, par ailleurs, à un voyage musical plus intime. De plus, quelques pièces contiennent des ascendants émanant de la bossa-nova brésilienne. Va pour l’opinion favorable.

Malgré le concert d’éloges que reçoit actuellement cet album, on note quelques bémols qui sont venus plomber notre appréciation. En premier lieu, les chansons s’enchaînent les unes à la suite des autres sans qu’on soit en mesure de s’identifier précisément à l’une d’entre elles. Même si le pastiche du folk des années 60-70 est admirablement bien réussi, même si la voix angélique et juvénile de Pratt est agréable à attendre, l’émotion brute à laquelle on est en droit de s’attendre lorsque l’on écoute un album de ce genre n’est malheureusement pas au rendez-vous.

Pour qu’un artiste folk puisse émouvoir pleinement, on doit ressentir une certaine intensité/authenticité dans l’interprétation… et on a du mal à déceler la réelle intention de Jessica Pratt, comme si la courroie de transmission entre sa tête et son cœur était inexistante. Cette fois-ci, elle fait du folk « de tête », misant sur le contenant plutôt que sur le contenu…

Qu’à cela ne tienne, ça demeure un bon disque de folk fantomatique. Parmi les meilleurs moments ? Difficile de mettre le grappin sur une pièce en particulier tant l’ambiance générale est uniforme. On salue l’apport du piano dans Here My Love, l’incursion jazzistique entendue dans Poly Blue, le jeu de guitare de Pratt dans Crossing, la dépouillée Silent Song ainsi que la légère influence de Mazzy Star dans Aeroplane.

Malgré l’absence de passion qui caractérise ce Quiet Signs, les adeptes de folk duveteux sauront apprécier à sa juste valeur cette nouvelle offrande de Jessica Pratt. Un disque idéal pour une soirée intime…

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