Jérôme Minière
Une île
- La Tribu
- 2015
- 55 minutes
Sur des notes d’électro-simples, voire simplistes, Jérôme Minière nous invite à accoster sur Une île, son plus récent – et huitième – album. Tranquillement, sans mouvements brusques, il déploiera une énergie contagieuse, sur ce disque résolument personnel, au message direct et sans détour, lucide, où la musicalité est bien définie.
«Non, je ne suis pas pressé, pressé pourquoi? La Lune et le Soleil ne sont pas pressés», laisse-t-il entendre de sa voix saccadée sur la pièce d’ouverture, Je ne suis pas pressé.
Soufflons, donc, le temps d’une pause salutaire offerte par Minière. La courte heure que nous passons en sa compagnie permet d’ouvrir les yeux sur ce qui est vraiment important: vivre le moment présent.
«J’aime quand le temps nous surprend et que rien ne nous oblige à mettre des mots sur tous ces sitedemo.caiges, le passé, l’avenir, enfin les dépassés», chante-t-il sur la chanson Jardin sauvage, une pièce que Martin Léon n’aurait pas reniée, tant la voix de Minière lui ressemble ici.
La plume de l’auteur-compositeur, qui a déjà reçu un Félix pour la qualité de ses textes, est encore et toujours aussi précise et imaginative. Un exemple parmi tant d’autres, entendu sur L’amour ça s’apprend pas par cœur:
«Des jours et des nuits, j’ai joué à l’amour, sans en avoir la clé, sans être maître, sans en avoir la recette. L’amour ça ne s’apprend pas par cœur, ça change sans cesse de couleur, sans cesse de douceur, sans cesse de douleur.»
Musicalement, Minière juxtapose différentes sonorités à une pop accrocheuse – rythmes du Moyen-Orient, douce électro, claviers rétros et même un peu de rap, sur l’excellente pièce Ego Lego. Celui qui se fait aussi connaître sous le pseudonyme d’Herri Kopter semble sur Une île en plein contrôle des éléments sonores. De toute évidence, l’équipe qui l’a rejoint, composée d’Ariane Bisson McLernon (claviers), Denis Ferland (basse et guitares), Frédéric Lambert (instruments à cordes) et José Major (batterie) connaît bien l’amour de Minière pour le mélange synthétique/analogue. Comme sur ses albums précédents, le mariage des cordes – violons, guitare – aux claviers et autres instruments électros est réussi et d’une fluidité impressionnante.
Seul bémol: les écoutes successives de l’album laissent entendre une continuité quelque peu monocorde, linéaire. L’ennui et la mélancolie nous gagnent alors, malgré la qualité des textes et des arrangements. Reste que Minière signe avec Une île un album mature complémentaire de son opus précédent, Le vrai le faux.
*Spectacle-lancement de l’album Une île ce mardi 3 mars, 17h, à La Quincaillerie (980 rue Rachel Est, Montréal).
Ma note: 7,5/10
Jérôme Minière
Une île
55 minutes
La tribu
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