Janelle Monáe
The Age of Pleasure
- Bad Boy Records
- 2023
- 32 minutes
Le très attendu quatrième album de la talentueuse actrice et chanteuse Janelle Monáe est finalement sorti. Il faut dire qu’elle nous avait bien titillé avec ses deux simples Float et Lipstick paru respectivement en février et tout début du mois mai.
Quand Janelle Monáe nous ouvre à nouveau la porte de son jardin secret, on n’a pas d’autre choix que d’y entrer et d’essayer de trouver tous les trésors qui s’y cachent. 13 ans après la sortie de son premier album The Archandroid, on replonge avec délice dans le monde néo soul de l’artiste. On déjà l’a connue camouflée sous son avatar Cindi Mayweather, cyborg afrofuturiste dans un univers sci-fi. Qui sera Janelle Monáe cette fois-ci?
On retrouve ici une Janelle Monáe totalement forte, aguicheuse, libre et assumant pleinement sa sexualité. D’ailleurs, le vidéoclip accompagnant la pièce Lipstick Lover… hou là, là ! Un univers de femmes ultra-sexy dans lequel y apparaît Janelle Monáe dans toute sa splendeur, sa confiance et sa « queerness » depuis longtemps assumée.
La chanteuse nous a habitués à des albums conceptuels très étoffés et on ne peut pas être déçu ici. 14 pièces qui se succèdent sans transition comme un long flot soul ponctué d’afro-beat et de hip-hop. Chaque morceau s’imbrique l’un dans l’autre à travers une délicieuse ode au pouvoir féminin. La pièce Phenomenal sur laquelle Janelle Monáe, tantôt à la première personne, tantôt à la troisième, fait l’éloge de la beauté féminine sur un rythme de contrebasse plutôt jazzy ponctué de la voix incisive de Doechii : « I’m lookin’ at a thousand versions of myself and we’re all fine as f***. »
Plus l’album avance et plus on en découvre des facettes insoupçonnées. Dans les pièces French 75 et Know Better, la sonorité des cuivres n’est pas sans rappeler le célèbre riff de Fela Kuti sur Water No Get Enemy. D’ailleurs, le fils du célébrissime nigérien apparaît sur la première pièce de l’album Float ainsi qu’aux côtés de CKay et Efypt 80 sur Know Better. On remarquera rapidement que les saxophones, trombones et trompettes aux consonances afrofunk ponctuent presque toutes les pièces de l’opus. Un clin d’œil plus que savoureux qui nous plonge sous le chaud soleil de l’Afrique de l’Ouest.
On ne peut s’empêcher de penser que ce « girl power » sexy n’est pas sans rappeler les Lizzo et SZA de ce monde. Toutefois, la musique de Janelle Monáe a ce je-ne-sais-quoi de tellement actuel, tellement bien fait, mélangeant les styles avec une aisance rarement vue ailleurs.