Critiques

Illuminati Hotties

Let Me Do One More

  • Hopeless Records
  • 2021
  • 41 minutes
7,5

Let Me Do One More est le deuxième album du groupe de rock indépendant Illuminati Hotties, projet lancé par l’ancienne ingénieure de son Sarah Tudzin en 2018 avec le projet Kiss Yr Frenemies. La frontwoman revient aujourd’hui avec un album plein d’énergie, haut en couleur et porté par un humour irrévérencieux et une attitude irrésistiblement punk.

Après son dernier effort, FREE I.H.: This Is Not the One You’ve Been Waiting For, qui était une mixtape autoproduite par Sarah, Let Me Do One More apparaît comme une version plus aboutie et intéressante de cette dernière. L’artiste paraît ici plus libre et décomplexé qu’auparavant, ce qui se traduit ici par une évolution musicale notable.

Illuminati Hotties procède ici à un mélange des genres maîtrisé de bout en bout et sur l’intégralité des pistes. Mélangeant noise rock, riot girl, punk rock et indie, l’album alterne musicalement entre des pièces exubérantes, pleines de couleurs et sans esprit de compromission – à l’image du son « MMMOOOAAAAAYAYA », au titre stupide, mais à l’énergie bubble gum contagieuse – et des sons plus calmes et plus épurés – comme le dernier son Growth qui n’utilise qu’une légère guitare folk perdue dans le lointain et la douce voix de Sarah pour toute instrumentation.

Tout au long de ses 12 titres et de ses 41 minutes, la diversité stylistique de l’album permet une écoute extrêmement agréable avec des surprises comme l’excellent changement de rythme dans u v v p où la vitalité de la première partie contraste avec la douceur apportée par Buck Meek dans la deuxième. La progression et l’enrichissement musical tout au long de The Sway est également un bon moment. L’intro de Knead et sa lourde distorsion de guitare électrique ainsi que la ligne de basse et les choeurs sur l’interlude Toasting pourront également engager l’auditeur à poursuivre vers les sons plus calmes que l’on trouve sur la fin du disque.

Mais là où Let Me Do One More brille, c’est surtout dans ses paroles et dans son attitude. En plus d’avoir un son impeccable, l’excentricité et la fougue de Sarah sont ici omniprésentes, à l’instar de l’histoire hilarante de Joni sur le morceau Joni: LA’s No.1 Health Goth. Au tempo aussi rapide qu’un son de Bikini Kill et à la ligne de guitare complètement folle, le son donne un aperçu de l’univers délirant d’Illuminati Hotties : « Joni cut the tour line/ Joni doesn’t have time/ Joni likes to dart on stage/ Joni’s on a juice cleanse/ Joni doesn’t need friends ».

Ailleurs, Sarah fait preuve d’autant d’esprit, mais dans un autre registre — plus politique – comme dans Threatening Each Other re : Capitalism : « The corner store is selling spit/ Bottled up for profit/ I can’t believe I’m buying in/ Isn’t that genius ? ».

Si les paroles de Sarah peuvent être douces, pleines d’émotions – en particulier sur les derniers titres de l’album – celles-ci s’entremêlent avec un sens de l’humour auquel on s’attend désormais sur un album d’Illuminati Hotties : « I got style like your twin sister/ I cut my hair but it covers my eyes/ And on the phone when they call me « mister »/ I say, « Ma’am, that’ll be just fine » (« MMMOOOAAAAAYAYA »).

En dehors de quelques sons anecdotiques comme Cheap Shoes ou Kickflip qui viennent nourrir la liste des chansons sans véritablement ajouter à l’éclectisme général, Let Me Do One More est un album que l’on appréciera pour sa grande maîtrise technique, sa diversité stylistique et sa capacité à proposer des refrains accrocheurs ; c’est également son humour parfois mordant, parfois déroutant et son attitude rebelle qui pourront provoquer l’amour de l’auditeur pour l’univers de Sarah Tudzin, complètement burlesque et original dont on attend la prochaine extension avec impatience.