Critiques

Ibibio Sound Machine

Electricity

  • Merge Records
  • 2022
  • 48 minutes
7,5

Ibibio Sound Machine est un groupe de musique électronique et afropunk originaire de Londres. Formé en 2010, le groupe qui compte sept membres a trouvé en 2013 un renfort de poids en la personne d’Eno Williams, jeune chanteuse d’origine nigériane que l’on a pu voir sur la pochette des trois premiers albums du groupe : Ibibio Sound Machine en 2014, Uyai en 2017 puis Doko Mien en 2019.

La formation revient cette année avec Electricity, quatrième effort qui porte aux nues la recette éclatante d’un groupe encore sous-estimé et trop méconnu du grand public : une fusion rafraîchissante mélangeant habilement une production contemporaine et les rythmes de la vie nocturne nigérienne des années 80 et 90.

Fort d’une contribution du groupe de synth pop Hot Chip qui prend en charge une immense partie de la production sur ce projet, Electricity nous livre 12 titres et 48 minutes d’une musique abolissant la distance entre les percussions funk de l’Ouest africain – à la bonne époque de l’Afrobeat – et la musique électronique européenne, avec de solides synthétiseurs et de bonnes lignes de basse.

Ainsi, l’ouverture d’Electricity donne le ton de l’album. Protection From Evil s’inscrit quelque part entre Fela Kuti et Daft Punk, le morceau présentant ce son si particulier que l’on va retrouver sur le reste de l’album : une basse prédominante, plusieurs couches de synthés, une superposition d’effets électroniques, la voix profonde, colorée et chaude, grave et légère d’Eno Williams.

S’écoutant avec une extraordinaire facilité, l’album ne présente que quelques faiblesses. Ainsi le morceau Casio (Yak Nda Nda) se traîne un peu à mi-parcours avant de se reprendre dans sa dernière section. De même, le titre éponyme incorpore des sonorités R&B pas forcément nécessaires, compensés par de beaux effets électroniques, mais des paroles répétitives :

Let me speak from the heart,

Without love

There’s no, no, no electricity

– Electricity

Ailleurs, Almost Flying est un moment de calme en attendant le morceau de fermeture Freedom, bien plus engageant :

Let the wonder fill my hole (Yeah, yeah)

We all just need to cope (Yeah, yeah)

The light will filter to my soul (Yeah, yeah)

Forever, it will make us home

– Freedom

Le reste d’Electricity se compose d’enivrants simples comme 17 18 19, All That You Want et la pièce maîtresse Wanna See Your Face Again. Ces titres sont portés par les excellentes prestations vocales d’Eno Williams, dont la voix brille associée aux rythmes et aux couleurs particulières qu’incorpore le groupe dans sa musique. Ainsi les choeurs et la ligne de synthé sur Wanna See Your Face Again apportent beaucoup de chaleur. La guitare imprévue sur Truth No Lie vient enrichir un morceau déjà étourdissant de surprises en tous genres.

Enfin, les « na na na na na » sur Something We’ll Remember et le djembé nous rappelle qu’Electricity est avant tout un disque sur lequel on prendra beaucoup de plaisir. Le disque laisse aussi voir toute l’inventivité de ses musiciens et la justesse de leurs réalisations.

Extravagant, enfiévré et efficace, le nouveau disque d’Ibibio Sound Machine est un projet qui nous donnera à coup sûr envie de danser. À ce titre, Electricity contient une énergie qu’on sera heureux de retrouver à chaque écoute.

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