Critiques

Hun Hun

Y Bab Adöy

  • Lurid Music
  • 2022
  • 48 minutes
7

Hun Hun est le projet électro des frères belges Noé et Jimmy Moens, qui mélangent depuis quelques années les séquences rythmiques et sonorités synthétiques avec des instruments et percussions folkloriques. Ils ont publié un premier album en mars, Y Bab Adöy, qui rassemble une douzaine de pièces, inspirées de la musique traditionnelle turque, et transposées en quelque sorte en musique électronique avec la boîte à rythmes et les séquenceurs. La proposition est agréablement dépaysante avec ses sonorités orientales et sa façon de les intégrer dans des séquences dansantes.

Princess Maria ouvre l’album sur un échantillon radiophonique qui se renouvelle autour d’une séquence ascendante et descendante, doublée par un synthétiseur plus mélodique et décoratif placé à l’avant. Mando Ve Yeni Dünya démarre comme un réacteur par-dessus lequel s’installe une séquence percussive au darbouka (ou une percussion de la même famille). Le thème mélodique au synthétiseur nous amène en mission dans une scène de film ou de jeu vidéo, à la découverte d’un nouveau monde. The Exorcism Of Gül fait suite naturellement en resserrant un peu la cadence, en équilibre entre les percussions et les notes synthétiques. La pièce-titre part d’une séquence au dulcimer, secondée par une séquence percussive, et renchérit à chaque boucle par des effets sonores de science-fiction rétro.

C’est dans cet ordre d’idées que ça se poursuit de façon cohérente sur huit autres pistes, chacune apportant sa propre scène à un film imaginaire de série B, possiblement de science-fiction turque. Certaines pièces se démarquent du lot comme Le Grand Bazar avec son thème à aspiration épique, ou le merveilleux solo de synthétiseur monophonique dans Scottü, en duo avec les cordes de cithare pincées.

Sans nécessairement connaître la musique traditionnelle turque, on comprend dans la direction musicale de Y BAb Adöy que le duo part d’un thème relativement simple et répétitif sur lequel il devient possible d’enchaîner les motifs mélodiques et les solos. Cette référence au folklore ajoute à la perception de nouveauté, d’un point de vue occidental du moins, de sorte que le sentiment d’avoir découvert une nouvelle forme d’hybridation soit satisfaisant dès la première écoute.