Critiques

Hank Wood and the Hammerheads

Hank Wood and the Hammerheads

  • Toxic State
  • 2018
  • 22 minutes
8
Le meilleur de lca

Au plus fort de la période estivale, le rythme des sorties de disques est généralement plus lent. Alors, j’en profite pour faire le tour des listes « so far » des différents médias musicaux qui prolifèrent sur le Web… et je tombe sur le nouvel album d’un groupe garage-punk-hardcore de New York : Hank Wood and the Hammerheads. Le nom fait sourire. Henry Wood et ses collègues sont reconnus pour présenter des concerts intenses et chaotiques. Pour avoir visionné quelques séquences sur YouTube, de voir Wood se tortiller en bedaine comme un émule de Jello Biafra m’a donné envie d’écouter plus attentivement à cette bande de fous furieux. Le groupe a deux autres disques dans sa besace : Go Home ! (2012) et Stay Home ! (2014).

Je ne perdrai pas mon temps à vous faire languir. Ce 3e album de la carrière du groupe est l’une des meilleures créations punks états-uniennes que j’ai entendues depuis un maudit bon bout de temps; du moins depuis que je me commets sur cette plate-forme. Par où commencer ? Après une introduction pianistique inoffensive, I Can’t Stay arrache tout sur son passage : batterie tonitruante, guitare punk-blues, basse qui « accote » de manière efficace et clavier Farfisa qui confère à l’ensemble un certain penchant dramatique. Et l’attraction principale ? C’est ce Henry Wood qui jappe et beugle son nihilisme comme un champion, ponctuant systématiquement son phrasé de « huh » répétitif.

C’est joué sans aucun compromis et la cadence ne ralentit jamais… euh… à peine. Il y a bien la courte introduction de guitare acoustique dans Whsiper, mais le naturel revient assez vite au galop. Voilà du punk-rock ‘n roll exécuté avec une énergie folle – cette proverbiale « énergie du désespoir » – et cette fois-ci, ce n’est pas une blague, ce groupe-là est menaçant, lucide et magnifiquement désespéré. Parlant de clairvoyance…

« You can’t be happy

And you know it »

You Wanna Die

Wood s’époumone sur son désespoir et celui de ses amis, probablement aussi désoeuvrés que lui. Le bonhomme crache son admirable rage dans nos oreilles marketisées et, en ce qui me concerne, cette salve politiquement incorrecte est une véritable euphorie ! C’est jouissif du début à la fin avec quelques petites préférences : You Wanna Die, It’s Lonely In This World All Alone , Love Is A Cold White Tile, Nothing But A Man et l’un des meilleurs hymnes punks auxquelles j’ai prêté l’oreille dans ma longue vie de mélomane : How’m I Supposed To Wake Up in the Morning.

Alors, pour ceux qui sont en « beau crisse », et pour toutes sortes de bonnes raisons, ce disque sera un baume sur votre colère… ou pas ! Pendant 22 minutes bien tassées, Henry et « ses marteaux » prendront soin de vous… à leur manière.