Gros Mené
Agnus Dei
- Grosse Boîte
- 2012
- 38 minutes
Sur la scène musicale québécoise paraissait un disque important… très important! En effet, le bon vieux Fred Fortin, accompagné de son fidèle acolyte Olivier Langevin et du batteur Pierre Fortin relançait le mythique projet Gros Mené. Révélé en 1999, le légendaire Tue ce drum Pierre Bouchard demeure, encore aujourd’hui, une référence en matière de rock lourd et abrasif made in Québec. Voilà que les trois bleuets s’unissent afin de faire frétiller de nouveau le gros poisson en balançant dans les bacs Agnus Dei. À quoi s’attendre après avoir crée un album inoubliable, il y de cela bientôt treize ans?
Encore une fois, le trio Fortin/Langevin/Fortin nous offre un disque de rock québécois d’anthologie. C’est aussi simple que ça! Du gros rock salopé, exécuté de manière irréprochable par des musiciens de qualité supérieur et qui en connaissent passablement sur ce que représente l’essence même du véritable rock’n’roll. Ça déménage, c’est crée sans compromis, avec un enthousiasme juvénile et un plaisir contagieux qui se rend facilement jusqu’à nos oreilles! C’est blues, c’est rock, c’est stoner, ça déborde d’imagination autant dans les structures chansonnières que dans la réalisation.
Et parlons-en de la réalisation! Enfin, un disque qui est mixé anormalement avec des guitares parfois trop accentuées, des voix passés au tordeur de la distorsion, des larsens, des conversations humoristiques post prise de son et des claviers discrets; gracieuseté de l’efficace Dan Thouin. Ça sent la bière, le tabac qui fait rire et ça donne le goût de rouler toute la nuit en Mustang ’74, la pédale au plancher! Bref, on est aux antipodes du rock radiophonique mièvre et sans saveur que nous présente inlassablement nos ondes radios québécoises. Un disque, qui en plus, est loin d’être nostalgique de son digne prédécesseur. C’est du Gros Mené plus intelligible mais aussi décapant que la première mouture.
Des bonnes chansons, en voulez-vous? L’excellent riff nerveux d’Agnus Dei, l’électro-rock crotté Vénus, la stoner vitaminée L’amour dans le ROCK, l’entraînante J’garde le fort et le rock de char intitulé St-Prime. Encore? Le dessuintage d’oreille nommé Liminant Ménard, les hommages corrosifs à notre sport national titrés respectivement Bruins et Ovechkin (quel morceau mes amis!), le rock’n’roll aux exhalaisons de chanvre Pote Michel, et la « ride » se termine avec Monstre Marin, qui détient quelques relents des vétérans Melvins. Juste du bon!
Un disque qui m’a jeté littéralement sur le cul! Fred Fortin et Olivier Langevin symbolisent assurément les fiers porte-étendards du rock québécois; et croyez-moi ils feront l’histoire du rock keb. Ils ne seront probablement jamais les heureux lauréats d’un Félix. Ils ne seront jamais parmi les meilleurs vendeurs de ce Québec vieillissant, de plus en plus conservateur et aigri. Ces salopards mériteraient beaucoup mieux… mais tellement mieux! Agnus Dei est tout simplement une grande offrande de rock qui n’a absolument rien à envier aux productions internationales du même acabit. Du gros stock!
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