Greta Van Fleet
The Battle at Garden’s Gate
- Republic Records
- 2021
- 63 minutes
Il est difficile de savoir par où commencer lorsqu’on doit critiquer un album de Greta Van Fleet. La jeune – qui sonne pourtant comme un groupe qui existe depuis cinquante ans – formation du Michigan fait parler d’elle depuis ses débuts. Composé des trois frères Kiszka, Josh, Jake et Sam, et de leur ami Danny Wagner, il est difficile de ne pas les voir comme un cover band de vieux rock qui rend les baby-boomers nostalgiques des étés peace and love du début des années 70. Ceci dit, deux ans et demi après leur premier album, Anthem of the Peaceful Army, le groupe revient avec une nouvelle offrande à ses fans avec The Battle at Garden’s Gate, un deuxième album se voulant plus mature, influencé par leur expérience de tournée, leur déménagement à Nashville et leur ouverture au monde grâce aux nombreux voyages et déplacements qu’ils ont faits. Malheureusement, The Battle at Garden’s Gate répète la même formule que l’album précédent et ne répond pas aux attentes d’un son plus mature et plus original. Encore une fois, ce n’est qu’une pâle copie de l’arena rock des années 70.
Le problème majeur avec GVF est le fait que leurs chansons n’ont aucune originalité, qu’elles ont été pensées pour plaire à l’algorithme des Spotify et Apple Music de ce monde. C’est probablement moins un problème de la part du groupe que de la part de leur équipe et de leur entourage. Cela dit, on ne peut pas tout mettre sur le dos de la production. Joshua Kiszka continue de nous faire part de ses meilleures lancées vocales à la Robert Plant sans pour autant avoir la même originalité ou la même puissance de voix. Son frère, Jake Kiska, à la guitare, donne dans l’exagération de riffs de guitare interminables tous plus extravagants les uns que les autres – et présents dans chacune de leurs chansons – nous donnant l’impression de vouloir devenir le prochain Jimmy Page. Quant à Sam Kiszka et Danny Wagner, ils ne semblent qu’accompagner les deux autres dans leurs rêves fiévreux d’un son tout droit sorti du United States Tour de 1977. S’ils s’attendent à faire du rock qui révolutionne le monde de la musique, ils se retrouvent plutôt à faire de la musique de fond de boutique pour les clients qui achètent leurs vinyles chez Urban Outfitters.
Cette fois-ci, par exemple, les chansons ne sont pas toutes inspirées du répertoire de Led Zeppelin. Avec Broken Bells, on entend Brain Damage de Pink Floyd. Heat Above pourrait être une chanson de Free. Trip The Light Fantastic est extrêmement proche de Whole Lotta Love dans son ouverture. Tears of Rain sonne comme n’importe quelle grande ballade classique du rock des années 70. Il est triste de voir tant de talent gaspillé, car oui, les quatre jeunes hommes de Greta Van Fleet sont talentueux. De la voix jusqu’aux prouesses techniques des musiciens, il est difficile de nier qu’ils sont des instrumentistes de talent. C’est ce talent mis ensemble et guidé par Greg Kurstin, un fabricant de succès pop à répétition, que le groupe sombre dans la médiocrité. Tout ce gâchis est illustré par les paroles franchement lourdes dans Stardust Chords qui se rapprochent du classique Immigrant Song de Led Zeppelin et qui incorporent d’inutiles allusions à la religion.
« It has been said
By the lights of the living and the dead
Make your bed
Even sinners go to drink the wine
Break the bread
Woah »
– Stardust Chords
The Battle at Garden’s Gate est malheureusement un zeppelin qui prend feu en plein vol, ne rendant pas grâce aux talents des musiciens et à leurs prouesses. Si Greta Van Fleet veut gagner en crédibilité, ils devront s’éloigner de leur image de cover band de vieux rock et trouver leur voie – et leur voix – plutôt que d’imiter celles et ceux qui ont déjà fait leur marque. Pour l’instant, les jeunes rockeurs ont plutôt l’air d’avoir puisé leurs apprentissages à la School of Rock de Jack Black, limitant ainsi leur créativité musicale.