Grenadine
Grenadine
- R-Musik
- 2014
- 39 minutes
La jolie it-girl Julie Brunet alias Grenadine a eu de quoi jongler longtemps depuis la parution de son premier EP, paru il y a trois ans. Réalisé par Jérôme Minière, excellent auteur-compositeur-interprète, son premier album a pris plusieurs mois voire années à voir le jour. Sur ce premier effort, elle parvient à se défaire de la comparaison avec Cœur de Pirate, mais c’est en grande partie grâce au travail de Minière, véritable génie de studio, que l’album réussit à voler de ses propres ailes. Cette nouvelle mouture de Grenadine fait plutôt penser à Vanessa Paradis, avec sa voix chaleureuse et sa pop intelligente.
C’est dans un paysage rétro que Grenadine chante ses histoires d’amour déçues, généralement légères, insouciantes et sucrées à point, autant ancrées dans la chanson française que dans la pop indépendante où les arrangements sont léchés et bien pesés. La touche de Minière est assurément partout. La tendre Summerlove se ballade en beauté dans de magnifiques voluptés de cordes, le premier extrait Bonjour tristesse flirte avec la pop indie avec tonus, Petits mensonges emprunte efficacement à J’erre de Dumas, tandis que deux chansons du EP (L’Amant lamentable, Papier Carbonne) sont revisitées en fin de parcours. La première gagne du galon, avec sa ligne de basse bien présente alors que Papier Carbonne perd de son minimalisme viscéral efficace.
Le problème dans ce premier effort homonyme, c’est l’interprétation de Brunet, qui est souvent tiède, et ses mélodies qui ont une forte tendance à se recouper d’une piste à l’autre. Ça manque de couleurs, d’émotions, de «tripes sur la table». Vrai, Grenadine n’est pas la plus grande interprète et n’a pas la plus grande voix. D’autres artistes avec un registre semblable réussissent à interpréter leurs chansons tout en nuances et émotions. Des chansons au texte incisif comme l’entraînante Ô toi (comme les autres) et la marrante Oublie-la réussissent à insuffler à l’album une bouffée d’air dont on a grandement besoin. Il est malheureux de ne pas y entendre la très réussie Occidental, que l’artiste avait déposée sur son bandcamp quelque part en 2012, une pièce panachée qui, à l’époque, avait cartonnée dans les radios universitaires partout au Québec.
Reste une collection de chansons un peu terne, en grand manque de folie et de mordant. C’est comme un dimanche après-midi froid chez ta meilleure amie, à boire du thé et à l’écouter parler de ses amours. C’est chouette une heure ou deux, mais on ne veut pas nécessairement rester pour souper. Malgré tout, Grenadine plaira évidemment à plusieurs, pour ses arrangements souvent géniaux et sa réalisation impeccable. Mais au final, on reste un peu sur notre faim.
Ma note : 5/10
Grenadine
Grenadine
R-Musik/Sélect
39 minutes