Green Day
Revolution Radio
- Reprise Records
- 2016
- 45 minutes
Imaginez-vous donc que la semaine dernière, les rois de la «pop-punk-rock», Green Day, étaient de retour avec un nouvel album intitulé Revolution Radio. Billie Joe Armstrong, Mike Dirnt et Tré Cool doivent leur immense popularité à un album qui les a catapultés dans la stratosphère: Dookie (1994). Ce groupe (qui a pratiquement tout piqué aux Buzzcocks) fait partie de ces formations californiennes qui ont édulcoré le travail accompli par tous les Black Flag et Dead Kennedys qui pourfendaient à l’époque l’idéologie néolibérale/conservatrice du président Ronald Reagan… des années charnières où tout a été déréglementé avec pour résultat ces inégalités sociales et ces violences armées auxquelles on assiste actuellement chez nos voisins du Sud.
Cela dit, je devrai obligatoirement vous parler de politique. Pourquoi? Parce que Green Day en a long à dire sur l’état social qui prévaut actuellement aux «States» avec en toile de fond le narcissisme imbuvable qui fait rage depuis toujours sur les médias sociaux. Même ceux qui affirment ne pas être narcissiques le sont sans même s’en apercevoir. Une autre belle victoire du marketing. Bref, Green Day y va d’une création soi-disant revendicatrice.
En ce qui me concerne, ça me va, et ce, même si Green Day est un petit peu culotté de jouer au rebelle après avoir vendu autant de disques dans leur carrière. Mais bon, tu peux être riche et avoir quand même une conscience sociale. Donc, j’accepte.
Cela dit, j’ai un sérieux (mais très sérieux) problème avec la musique proférée sur ce disque. Pour plusieurs journalistes musicaux, Green Day retourne, semble-t-il, aux proverbiales sources. Eh bien, cesdites sources sont pas mal mollassonnes et racoleuses. Dans le contexte où un groupe veut témoigner de cette époque individualiste, prétentieuse où «l’émotion» a préséance sur la raison, il faut que l’emballage vienne appuyer le propos. Malheureusement, Green Day nous propose un Revolution Radio à la réalisation boursouflée où les moments valables, trop peu nombreux, sont noyés dans des ritournelles faussement punk.
Des exemples? Pour une Bang Bang rapide et virulente, on y entend un Armstrong prendre une posture mielleuse dans Outlaws ou encore une Say Goodbye fictivement abrasive au refrain parfaitement «arena rock». Il y a donc une dichotomie flagrante entre le propos et cette musique totalement «vendeuse» et vendue. Revolution Radio est une une sitedemo.cauction rebelle totalement marketisée et ça aussi, on ne sait même plus faire la distinction entre la véritable authenticité d’un groupe et celle dictée par le mercantilisme ambiant. Et je soupçonne Green Day d’être incapable, eux aussi, de faire la différence…
Alors? Pour ceux qui ont tripé sur Green Day, vous devriez y trouver votre compte, car le groupe fait un réel effort pour brasser la cage. Sincèrement. Mais en ce qui me concerne, je ne peux embarquer de plain-pied dans cette proposition tant le discours est aux antipodes de cette musique parfaitement conçue pour les radios rock FM de l’Amérique.
Ma note: 4,5/10
Green Day
Revolution Radio
Reprise Records
45 minutes
http://www.greenday.com/revolutionradio?ref=https://www.google.ca/