Grant Hart, ancien batteur et co-songwriter de la mythique formation Hüsker Dü, lançait la semaine dernière The Argument. Au bénéfice de ceux qui ignorent ce que représente Hüsker Dü dans l’histoire de la musique américaine, disons que la formation formée de Hart, Bob Mould et Greg Norton est considérée par plusieurs (et avec raison) comme étant l’un des groupes made in USA les plus importants des trente dernières années. Les Pixies, Nirvana et autres consorts du rock alternatif américain peuvent dire un énorme merci à Hüsker Dü!

Donc, voilà le vétéran musicien, âgé de 52 ans, de retour avec une nouvelle offrande depuis Hot Wax paru en 2009; disque qui avait reçu un accueil plutôt mitigé. The Argument est un album concept basé sur une version inédite du bouquin Paradise Lost de John Milton. Une mouture retrouvée dans les affaires personnelles de feu William S. Burroughs par James Grauerholz (un bon ami de Hart), secrétaire personnel du mythique écrivain associé à tort ou raison à la Beat Generation.

Ce disque est un assemblage de vingt chansons, réparties en quatre chapitres, mettant à l’avant-plan les principales qualités de Grant Hart : des mélodies absolument divines, des chansons simples à l’enrobage rock, des inflexions vocales à la Bowie et des textes d’un raffinement poétique exquis. Une sitedemo.cauction dans laquelle le talent et l’ambition de Grant Hart se mettent au service de la musique rock… et le vieux briscard n’a rien perdu de son lustre.

Sur The Argument, les ascendants «vintage» rock, pop-rock et post-rock se côtoient et s’imbriquent avec une facilité déconcertante afin de créer un univers musical absolument unique et mélodiquement sans bavure. Une création sonore jouée, réalisée et aménagée en quasi-totalité par Hart lui-même. L’artiste a conçu un opus a son image : bizarre, accessible, étrange et pop en même temps; ce qui confère à cette œuvre (c’est le cas de le dire!) un brillant éclectisme dont le fil conducteur est la force mélodique indéniable du compositeur. Oui, Grant Hart est l’un des auteurs-compositeurs-interprètes les plus mésestimés de l’histoire du rock américain.

Par contre, The Argument demandera un effort assidu et constant de la part de l’auditeur, puisque l’album dure pratiquement soixante-quinze minutes et renferme quelques intermèdes aux atmosphères sonores singulières. Qu’à cela ne tienne, cette élaboration sonore englobe majoritairement que des ritournelles de luxe : les pop-rock Morningstar et Glorious, l’émouvante Awake, Arise!, la très Ray Davies titrée Sin, la très Buddy Holly nommée Letting Me Out, la magistrale Is The Sky The Limit, la très fifties So Far From Heaven, la comptine Shine, Shine, Shine, l’étonnant morceau (évoquant Beirut) Underneath The Apple Tree de même que le frémissant folk-rock, qui conclut admirablement bien ce The Argument, intitulé For Those Too High Aspiring.

Si l’envie de découvrir un trésor caché vous prend ou si vous étiez des admirateurs d’Hüsker Dü, Sugar et Nova Mob, vous pourriez sérieusement tomber ou retomber en amour avec l’écriture chansonnière orfévrée de Grant Hart; un musicien complet, compétent, sensible, lettré, intègre et intelligent qui refuse obstinément le goût du jour. Du rock incassable et indémodable!

Ma note : 7,5/10

Grant Hart
The Argument
Domino Records
75 minutes

granthart.com

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