Grand Blanc
Image au mur
- Entreprise
- 2018
- 55 minutes
Grand Blanc revient avec un son qui a délaissé un peu le cold wave et le bruit au profit de la pop. Sacrilège, direz-vous! Eh bien, honnêtement, on y gagne au change, parce que Grand Blanc nous envoie un album fort réussi de pop poétique où les références sont multiples et complètement digérées. Mémoires vives était certes un bon album, mais ici avec Image au mur, la formation prend de la puissance et semble en contrôle de la première à la dernière note.
Triste matrice ou plus rien ne dure aujourd’hui
Tout est instan-tané
Année lumière je me souviens de tout
Mais j’ai dû tout effacer
J’ai tout oublié
Ton image au mur
j’ai dû tout oublier
Tout oublier— Image au mur
Une nostalgie du temps passé, ou de l’amour et passe sans jamais rester? Ce n’est pas tout à fait clair, mais il y a de la mélancolie un peu partout dans le propos de Grand Blanc dans Image au mur. La pièce-titre en ce sens porte bien un propos disséminé sur un peu toutes les chansons. Comme si, en tant que prisonnier de la grotte, on oubliait chaque matin que ce qui était devant nous n’est que des ombres. Et dans un état de constant désagrément, on ne réussit pas à s’élever.
Et tu donnes l’amour
De ceux qui n’ont pas d’amour
À ceux qui n’ont plus d’amour
Et moi j’ai besoin d’amour— Belleville
C’est avec ces mots que Benoît David et Camille DelVecchio chantent Paris, cette Ville Lumière si romantique, mais qui peut tout aussi bien être bourreau de cœur, plongé dans cette marée humaine dense. Les voix de David et DelVecchio sont particulièrement bien dosées sur Image au mur. La paire s’entrelace, se juxtapose, se répond avec une adresse impressionnante. On le voit sur Des gens bien, cette mélodie inquiétante et obscure où le doute prend toute la place.
Parce qu’on parle ici de pop, mais on est très loin du pastel ou du délavé. C’est charnu, c’est efficace, c’est audacieux et surtout ça frappe à tout coup en plein centre de la cible. Rêve BB rêve est une pièce aux arômes de substances altérantes, comme plongés dans une lumière rouge dans une pièce enfumée où se côtoierais des corps anonymes qui appellent à la danse charnelle. Mais Grand Blanc peut aussi se faire entraînant et moins cryptique avec Rivière.
On retrouve encore des traces des moments plus bruyants du groupe sur Los Angeles qui explose dans un envol synthétique très appréciable. C’est aussi le cas d’Ailleurs, cette chanson à la mélancolie déchirante portée par la voix de Camille DelVecchio qui traduit une certaine peine à travers un texte bien ficelé.
Grand Blanc fait paraître l’un des meilleurs albums français de l’année qui peut aller rejoindre L’Impératrice et Feu! Chatterton en haut de la liste. Une sortie incontournable de la rentrée culturelle qui commence du bon pied!